Miss Dior, saga érotique

Miss Dior, saga érotique

Publiée le 11 juillet 2013  

« Bonjour Miss Dior.

-Bonjour Benjamin. »

Depuis quelques temps, Mathilde ne comprenait toujours pas l’origine de ce surnom dont il l’avait affublée. Il avait subitement oublié son prénom patronymique. Régulièrement, une fois par semaine, puis plus récemment deux fois, il venait prendre des cours de violoncelle à son domicile. Élève assidu au conservatoire de musique dans lequel elle exerçait, Benjamin véritablement doué, avait gravi les échelons presque naturellement. Cependant à l’approche des examens de fin d’année, il avait poliment demandé à Mathilde de lui donner des cours particuliers, bien qu’il ne fasse plus partie de sa classe. L’académique de l’enseignement de Mathilde avait une importance notable dans la sélection et son aide pouvait lui être précieuse .Il l’avait abordée timidement dans les couloirs, et elle avait accepté de l’assister presque instinctivement.

« C’est entendu, Benjamin, disons, le mardi soir, aux alentours de 21 heures serait parfait pour moi. Je dispense d’autres cours, plus les répétitions pour les concerts programmés...

-Je comprends, c’est parfait pour moi, je suis ravi que vous acceptiez, votre aide me sera précieuse plus que vous ne pourriez l’imaginer. »

A partir de ce jour là, il était venu, avec une régularité et une ponctualité surprenante à son domicile. Pire, il lui arrivait même de se présenter à sa porte avec un petit quart d’heure d’avance se transformant rapidement en une demi heure voire plus. Elle s’était habituée à ses avances sur l’horaire, et par complaisance ou politesse, elle lui offrait une boisson avant que d’entamer la leçon. Jusqu’au jour où, par plaisir ou zèle, elle l’avait invité à dîner. Il ne s’était pas fait prier et avait accepté dans l’instant.

La compagnie de Benjamin lui apportait à chacune de ses visites de délicieux moments de convivialité, elle si solitaire qui ne dinait guère qu’en tête à tête avec son chat « Mozart » Elle en avait presque oublié la raison de ses rendez-vous hebdomadaires. Après cette soirée, rien n’avait changé dans l’attitude de Benjamin. Il était resté toujours aussi ponctuel dans ses rendez-vous avancés, toujours aussi appliqué dans ses prises de leçons. Seul son regard avait peut être évolué. Une lueur plus féline, plus masculine avait doucement fait ombre à sa juvénilité mettant en exergue sa virilité dont elle n’avait jusqu’alors pas pris conscience. Elle ne le percevait guère auparavant que comme un jeune étudiant. Ils se respectaient mutuellement vu la grande différence d’âge qui les séparait, bien qu’à chaque effleurement de main ou de corps au cours des leçons et des prises en main de l’archet, elle ait pu ressentir d’insoupçonnables frissons chimiques courir sous la peau de son élève.

Mais rien, rien ne pouvait donner une explication plausible à ce soudain sobriquet de « Miss Dior » Le vouvoiement dont il l'avait toujours honorée avait pris soudain une nouvelle tonalité, une note fleurie et noble. Il avait perdu toute désuétude au profit d'une connotation sensuellement dirigée. Elle en avait même regretté de le tutoyer, tant cette tournure de politesse aurait mérité à ce qu'elle s'adresse à lui à la même personne. Trop tard avait-elle songé, impossible de faire machine arrière. Mais ce soir était encore plus particulier, il était entré, le sourire aux lèvres, un paquet au bout des doigts. Dans sa logique féminine elle avait immédiatement songé que Benjamin voulait la gratifier pour les cours qu’elle lui dispensait depuis quelques temps, de quelques chocolats dont il la savait friande ou bien encore d’un cadeau plus personnel à savoir quelques bougies colorées et odorantes qu’elle aimait disposer çà et là dans son petit appartement .

« Ce jour est très particulier, Miss Dior, c’est notre dernier cours

-Oui Benjamin et tu vas vraisemblablement me manquer, non par habitude, mais du simple fait que je me suis attachée à toi

-Taisez-vous, Miss Dior, vous ne savez pas ce que vous dites. »

Il avait élevé le ton et cet emportement aussi imprévisible que non fondé avait contrarié la violoncelliste.

« Désolée, je ne voulais pas te contrarier »

Il avait radouci le ton, conscient de sa bévue.

« Pardonnez-moi je n’aurais pas du...

-Bon cessons là cette altercation et oublions là tous nos griefs. Mais j’ai une question à te poser. Pourquoi Miss Dior ?

-Voilà je vous ai apporté un cadeau qui répondra à votre interrogation »

Il lui avait tendu fébrilement le joli emballage délicatement parfumé et discrètement orné d’une plume rouge. Lorsque leurs regards s’étaient croisés, elle avait décelé dans ses pupilles un reflet qu’elle ne lui connaissait pas, un éclat particulier qui l’avait obligé à baisser les yeux devant cet élève qui aurait pu être son fils.

Mathilde avait récemment fêté sa cinquantaine, mais demeurait une très belle femme. Cela l’avait amenée naturellement à dresser un bilan de son passé.

Son seul regret de n’avoir pas enfanté, son seul remords de n’avoir pas divorcé plus tôt. Elle avait perdu du temps, un temps précieux qu’on ne rattrape plus et s’était consacré corps et âme à sa seule passion, la musique sacrifiant sa vie de femme à sa dévotion musicale.

Mais Benjamin ne s’y était pas trompé, tout novice qu’il était en matière de femme, il avait discerné en elle une beauté particulière faite de charme à discrétion. A ses yeux, elle faisait partie de cette catégorie de dames, dont on devine au premier coup d’œil qu’elles appartiennent aux plus distinguées. Sa féminité, elle la cachait sous ses vêtements, des robes souvent trop longues, bien trop austères tant dans la teinte que dans la façon, pour ne pas camoufler des trésors riches en sensualité. Tout dans sa gestuelle appelait à la découverte...

C’est ainsi que Benjamin aurait pu passer des heures à la regarder jouer du violoncelle, tant elle dégageait une grâce particulière, véritable alliance musicale et charnelle. Cette adéquation parfaitement harmonieuse entre son corps et celui de son instrument à corde, lui faisait songer, à chacun des cours qu’elle lui prodiguait, à une étreinte érotique riche en sensuel lyrisme. A la vérité, il ne lui avait jamais avoué que ses cours étaient un faux prétexte visant à dissimuler un rapprochement plus intimiste.

Mathilde avait délicatement ouvert le paquet cadeau, mais aussi avec une impatiente fébrilité.

L’excitation de Benjamin était palpable. Impatient de discerner la réaction de Mathilde, il en était devenu pressant

« Allez Mathilde, tu me fais languir

-Mathilde, tu ? Tu ne m’as jamais appelé ainsi, ni tutoyer »

Il avait rougi instantanément comme un enfant surpris en flagrant délit de bêtise.

« Je suis désolé, je suis parfois trop impulsif...

-Ce n’est pas grave Benjamin, tu peux me tutoyer si tu le veux, cela ne me dérange pas, nous nous connaissons suffisamment maintenant, disons plus intimement qu’en classe.

-Plus intimement oui, mais pas assez pour que je puisse vous tutoyer...

-Tu le peux, je t’assure

-Alors Mathilde s’il te plait ouvre le paquet

-Mais que peut-il contenir qui te mette dans un état pareil, je te sens si fébrile

-Ca se voit donc autant ?

-Tu as bien du mal à cacher tes émotions, c’en est même émouvant !

-Je ne veux pas t’émouvoir, juste te surprendre

-Me surprendre ? Que cherches-tu à me dire ?

-Ouvre le paquet, peut être comprendras-tu ? »

Mathilde songea tout à coup qu’il n’était plus question ni de chocolat, ni de bougie, mais de quelque chose de bien plus intime…Sa curiosité activa sérieusement le dépaquetage.

Mathilde avait ouvert la boite rectangulaire. Sur du papier de soie rouge carmin trônait , une carte aux prestigieuses initiales de Dior ,sans mentions particulière ,ni d’indices annoncés .

Avant que de découvrir ce qui se cachait à l’intérieur, elle avait cherché à croiser le regard de Benjamin, qui timidement avait balbutié

« J’espère que... »

Il n’avait pu achever sa phrase, Mathilde, lui avait posé un léger baiser sur la joue, agrémentant son geste d’un « tu m’as gâtée » souriant.

Puis, enfin, entrouvrant l’emballage carmin, elle avait découvert une paire de bas -couture en soie noire dont le galbe préformé épouserait le profil harmonieux de ses longues jambes.

Son regard s’était éclairé d’un éclat typiquement féminin, celui d’une femme comblée par un cadeau personnalisé, puis s’était dirigé subrepticement vers Benjamin, qui avait soudain adopté une attitude coupable.

Il se sentait coupable d’avoir osé, coupable d’avoir peut être offensé Mathilde par un cadeau aussi intime que personnel.

« Benjamin, ils sont magnifiques avait-elle commenté en retirant les bas de leur emballage, et tellement soyeux, avait-elle rajouté »

Il s’était détendu.

« Tu aimes. J’ai pensé que...

-C’est très délicat de ta part

-Oh Mathilde !

-Benjamin !

-J’ai pensé que tu pourras les mettre pour moi »

Afin d’évincer une réponse encombrante, elle avait répliqué par une nouvelle question, stratégie caractéristique de la gente féminine

« Mais qu’est ce qui a bien pu te donner l’idée de m’offrir des bas ? »

Il ne pourrait jamais lui avouer que, un jour, alors qu’il était encore élève dans sa classe, il avait pu apercevoir le haut de ses bas retenus par des portes jarretelles.

Un des pans complices de sa robe, dont l’austérité était sans concurrence possible, glissant légèrement du haut de ses cuisses, avait offert à Benjamin une nouvelle image de son professeur sévère, non dans son autorité, mais dans son apparence.

Depuis, il n’avait plus d’attention que pour cette femme, dont il avait découvert un potentiel de sensualité invisible au regard des autres. Il s’était détourné des filles de son âge qu’il trouvait trop stupides et dépourvues de toute sensualité.

Mathilde était devenue son obsession, l’objet de ses rêves et de ses tentations, sans jamais pouvoir l’avouer à qui que ce soit. Il s’était épris sans s’en apercevoir de Mademoiselle Mathilde, le professeur de violoncelle.

Il lui arrivait parfois, lorsqu’il songeait à elle, de se caresser jusqu’à la jouissance qu’il lui dédicaçait en murmurant son prénom.

Un soir, même, alors qu’il était allé au concert d’Aaron, il avait fait une fixation sur la violoncelliste qui accompagnait l’artiste.

Il avait imaginé Mathilde juste revêtue du même jupon de tulle noir, torse nu, ne jouer que pour lui dans l’intimité d’une alcôve, ses cheveux étalés en boucles sur ses épaules de danseuse d’opéra.

Il avait alors décidé de se rapprocher du professeur de manière subversive afin d’aller jusqu’au bout de ses envies.

« Benjamin, Benjamin... »

Mathilde venait de l’arracher à ses souvenirs ...

« Pardon, Mathilde, j’étais ailleurs...

-Oui je vois, alors, pourquoi des bas ?

-Vous les méritez, vous êtes une belle femme, je suis sûr que vous aimez la lingerie, d’ailleurs je l’ai lu dans vos yeux quand vous les avez découvert. C’est une réponse à Miss Dior

-Oui c’est vrai, mais je ne te crois pas ! 

-Alors s’il te plait, si tu ne me crois pas, mets ces bas pour moi ! »

Était-ce par politesse ou pour ne pas contrarier son élève visiblement attiré par elle, elle s’était éclipsée un instant, priant poliment Benjamin de l’excuser.

Du fond de la chambre voisine, elle l’interpellait :

« Puisque l’ambiance n’est pas studieuse ce soir, mais plutôt à la festivité et à la légèreté, ouvre donc la bouteille de champagne qui dort dans le réfrigérateur depuis bien trop longtemps »

C’était aussi pour cela qu’il était attiré par Mathilde, cette manière très particulière qu’elle avait de s’exprimer, de façon littéraire et élégante ,un peu désuète.

Il rêvait, espérait, soupçonnait que sous sa tenue de grenouille de bénitier résidait secrètement une diablesse de maîtresse « Aiguille-bas sans dessous »

L’instant d’après, il faisait sauter le bouchon de la bouteille de champagne dans l’espoir que les bulles le désinhibent un tantinet.

Il désirait tant cette femme sans pouvoir lui avouer. Les effluves d’alcool, lui qui ne buvait jamais, pourraient peut être l’aider à franchir les barrières de sa timidité.

Mais alors qu’il s’était confortablement installé dans le canapé, attendant sagement le retour de Mathilde, il avait écouté chaque bruit qui aurait pu interpeller son imaginaire. Il songeait à des bruissements de tissus, mais c’est la sonorité suggestive de l’eau ruisselante sur la peau d’une femme qui avait entrouvert un instant une brèche dans ses égarements. Mathilde était en train de se doucher .Qu’avait-elle en tête, pour entamer, alors que rien auparavant ne le laissait soupçonner, une mise en beauté, peut être une transformation qu’il n’osait plus espérer.

Le profond respect qu’il vouait à cette femme aurait du l’empêcher ne serait –ce que d’effleurer l’idée de l’épier. Mais sans une once de culpabilité, il avait entrouvert un peu plus la porte de la chambre déjà entrebâillée, espérant voler une image furtive de sa nudité.

Puis il s’était repris, involontairement, songeant douloureusement que Mathilde pourrait à tout moment le congédier pour ses agissements déloyaux.

Le bruit de l’eau avait cessé, son oreille attentive avait suivi avec pertinence chaque mouvement, chaque geste renvoyé par l’écho de son imaginaire.

En témoin dérobé de la féminité avec un grand F, il savait que tôt ou tard, bien malgré lui, il allait commettre un parjure au risque de perdre toute crédibilité .

« Je vous sers une coupe, Mathilde ?

-Voilà que tu me vouvoies à nouveau, oui s’il te plaît Benjamin, je suis à toi dans cinq minutes, disons ...enfin tu verras ! Mais je t’en prie commence à boire ton verre. »

Le bruit du liquide coulant dans le cristal des verres avait rassuré Mathilde ; elle avait songé un bref instant, que Benjamin, ce soir, aurait pu l’épier à la dérobée.

Et pourtant, après avoir avalé cul- sec sa coupe, le jeune homme, prenant soin de ne pas faire craquer le parquet sous ses pas, avait récidivé dans sa nouvelle tentative d’apercevoir Mathilde dans l’intimité de sa chambre.

L’entrebâillement de la porte lui avait offert une vision à laquelle il avait renoncé un instant auparavant.

Mathilde, juste vêtue de rien, assise sur le rebord de son lit, était en train d’enfiler ses bas. Avec application, de la pointe des pieds jusqu’en haut de ses cuisses elle faisait glisser la matière soyeuse, l’ajustant aux mieux au galbe de ses jambes. Avec raffinement, elle les avait attachés dévoilant par la même occasion l’image sublime de sa croupe enorgueillie par les portes jarretelles. Le reflet du miroir lui renvoyait l’éclat de la féminité dans toute sa splendeur, la beauté d’une femme qui renait à la vie. Lorsque ses yeux s’étaient arrêtés sur le visage de Mathilde, il avait découvert, avec fascination, une nouvelle femme.

De grands yeux noirs étincelants, les cils de rimmel maquillés, une bouche pulpeuse de rouge à lèvre teintée, avaient métamorphosé l’austère professeur en héroïne séductrice d’un roman à inventer.

Il en avait égaré tous ses doutes, cette fois il en était certain, le diabolique de sa féminité retrouvée reflétait une amante aux pouvoirs diaboliques

Sur ces entrefaites et ses réflexions intérieures, il avait abandonné sa posture indiscrète et rejoint le confort du canapé, reprenant au passage une lampée de champagne.

Avant qu’elle ne s’annonce, le parfum épicé de fragrances érotiques avait précédé le retour de Mathilde.

Il se détestait pour ce qu’il venait de faire, violer, à son insu, l’intimité d’une femme dans sa mise en beauté, mais il en jouissait aussi pour avoir eu l’audace de braver les interdits.

Puis elle était entrée, éclairant soudainement l’ambiance feutrée de la pièce de sensualité.

Elle était rayonnante de séduction, ses cheveux en un chignon savamment structuré duquel s’échappaient quelques mèches.

Un corsage de voile, laissait apercevoir par un jeu de transparence, une généreuse poitrine. Mais toute sa séduction résidait dans le choix de sa jupe moulant à la perfection des rondeurs féminines offrant en une seule vision, une cambrure divine sur un cul suscitant à lui seul la concupiscence.

Il savait Benjamin, que sous le tissu noir moiré se cachait l’équipement parfait d’une garce prête à être dévorée par un jeune loup affamé de sa maturité érotique.

Mathilde, avait été émue par la béatitude qu’elle avait découverte dans le regard de Benjamin.

Elle ne savait, si elle devait attribuer l’immobilité passagère de son invité à de la stupéfaction, ou bien, comme elle le pressentait, à la concrétisation de désirs sous –jacents.

Il avait ébauché une réponse à ses questionnement alors qu’elle s’asseyait sur le canapé près de lui, croisant ses jambes de soie voilées, avec une je ne sais quoi de provocateur hautement féminisé.

« Mathilde, je suis sous le charme, je ne sais quoi te dire, oui, ou plutôt trinquons à ta beauté »

Il lui avait tendu le verre dont elle s’était saisie, son regard maquillé planté au fond du sien

Il en avait baissé les yeux, troublé par l’audacieuse qui se révélait à lui.

« Trinquons, à nous, à la chance, à l’espoir, mais regarde moi Benjamin, il faut se regarder au fond des yeux quand on trinque et puis l’instant d’après boire la première gorgée sans reposer son verre »

Il avait obéi, contraint de décrypter ses pensées obscures dans l’opacité de son regard langoureusement féminin.

Il s’était soudain levé, avait contourné le canapé, posé son verre sur un proche guéridon, et impulsivement, se campant derrière Mathilde, avait entrepris de lui ôter sa pince à cheveux.

Il avait libéré sa chevelure, et étalé les boucles sur sa nuque et ses épaules assortissant son geste d’un « c’est beaucoup mieux ainsi. »

« Que fais-tu Benjamin ? Je n’aime pas laisser mes cheveux aller ...

-Attend Mathilde, tu es bien plus désirable ainsi

-Désirable ? Que cherches-tu Benjamin ? Me faire rougir, tu as réussi »

Effectivement les joues de Mathilde s’étaient empourprées. Pour se donner une contenance face à ce trouble qui la gagnait, elle avait avalé une longue gorgée de Champagne. Il avait continué dans le silence son apprentissage de garçon coiffeur, glissant sa main à la base de la nuque de Mathilde, ne manquant pas d’effleurer ses épaules. Elle s’était laissée faire, avec dans son port de tête une nette tendance à l’abandon, celui d’une femme dérivant subrepticement vers le désir de l’autre. Ses yeux pour témoin s’étaient doucement clos sous les doigts caressant de Benjamin, et c’est ainsi privée de sa vision, qu’elle avait ressenti des frissons parcourir son corps, lorsque ses mains s’étaient égarées un peu plus loin sous son corsage  échancré.

Toute rationalité était en train de la quitter, elle s’abandonnait doucement vers cet état si doux et si particulier que suscite l’attirance quand elle en est à ses balbutiements.

Il y avait si longtemps que les mains d’un homme ne l’avaient pas effleurée. Elle avait bien eu un ou deux amants, dans la fugacité, mais rien qui n’imprime son cerveau de souvenirs frappants. Cet enfant, ce jeune homme, sans son consentement, ranimait un érotisme dont elle avait oublié jusqu’à la signification. Il n’était pas sérieux d’ainsi se laisser aller aux audaces de la jeunesse, mais au fond, elle espérait qu’il franchisse les limites d’une irréversible tentation.

Perdue dans ses égarements, elle n’avait pas ressenti son cœur s’accélérer, ni son souffle haleter, elle désirait juste sous le bleu de ses paupière que Benjamin lui dise combien il la désirait. Peut être ne serait-elle qu’une aventure de plus, une expérience sexuelle pour le jeune homme séduisant qu’il était. Elle n’avait plus accordé aucune importance à toutes ses questions lorsque, dans son cou, elle avait ressenti la bouche humide et chaude de Benjamin se poser et descendre  sur son épaule. Les frissons léchaient maintenant ses jambes, de ses chevilles fines jusqu’en haut de ses cuisses. Benjamin, appliqué à découvrir le goût de sa peau sous ses lèvres, sous ses dentelles, lui était apparu comme un divin trublion.

Elle avait préféré pourtant se détacher de ses érotiques divagations, par retenue ou peut être sans se l’avouer, par jeu de séduction.

L’attirance que lui témoignait Benjamin aussi imprévisible que flatteuse avait fait ressurgir en son for intérieur le troublant souvenir de la femme qu’elle était, émouvante, ensorceleuse dans ses capacités à se faire désirer.

« Si nous allions dîner en extérieur Benjamin, il y a bien longtemps que je ne m’autorise plus ce genre de fantaisie

-Dîner, es-tu sûre que ce soit ce que tu désires ?

-Tu sauras bien assez tôt, ce que je désire, accorde moi ce dîner en attendant ...

-A une seule condition... »

Sans attendre son accord, il avait plaqué ses lèvres contre les siennes, son corps contre son corps, pris sa tête entre ses mains, et s’était appliqué dans un long baiser torride et mouillé, de ceux dont elle avait oublié la saveur et la félicité.

Il venait de baiser sa bouche qu’avant de la baiser, son sexe et son esprit en étaient étourdis.

« Accordé », avait-elle ajouté lorsque Benjamin, ivre de sa saveur, avait relâché l’étreinte de sa bouche intrépide. Ses dentelles de désir étaient toutes

Lorsqu’elle s’était levée pour prendre son manteau, Benjamin avait enrobé la silhouette de la femme d’un regard doux, celui d’un jeune homme ému par la délicatesse de la féminité murissante.

Il ne soupçonnait en rien, combien à cet instant précis, Mathilde se retenait pour ne pas surseoir à ses pulsions.

« Prêt, Benjamin, je connais un petit italien tout près d’ici où l’on mange de délicieuses pâtes à l’encre et puis ils servent un chianti délicieux.»

Elle était enjouée dans sa manière de s’exprimer, une vraie gamine dans un corps de femme enveloppé d’un trench anoblissant sa silhouette et sublimant ses jambes finement galbées.

Elle avait transgressé les désirs de Benjamin en suspendant leur étreinte, mais la fierté de sortir au bras de Mathilde, lui avait fait tout oublier de sa déception.

Loin d’être une désillusion, cette escapade nocturne improvisée s’avérait être une concrétisation de leur complicité.

Il n’osait plus la regarder, de peur qu’elle ne lui rapproche son baiser. Mais comment aurait-il pu en être ainsi, puisque, il l’avait ressenti, cette fiévreuse démonstration pulsionnelle l’avait emplie d’émoi.

Sur le parcours jusqu’au restaurant, elle n’avait pas arrêté de parler, comme elle ne l’avait jamais fait auparavant, elle d’habitude si réservée s’avérait être volubile.

Elle se disait si heureuse de sortir, elle se disait si contente qu’il ait accepté son invitation, elle se disait chanceuse de l’avoir rencontré, et lui il l’écoutait tout simplement enchanté de son rayonnement.

Puis elle s’était interrompue, brutalement, comme si le temps s’était suspendu, et l’avait embrassé amoureusement et goulûment à la fois sous le regard pétrifié des passants anonymes. L’inconvenance de cette nouvelle réaction avait conforté Benjamin dans ses impressions que cette femme n’était celle dont elle donnait le reflet.

Il avait aimé la provocatrice, la rebelle quand elle s’était retournée sur l’indiscrétion d’une passante outrée en lui jetant en plein visage

« Et bien quoi, n’avez-vous donc jamais été amoureuse ? »

Ils avaient ri longtemps ensemble de la réaction pour le moins revêche et malpolie de la vielle dame

« Mon Dieu, vous devriez avoir honte. »

- Dis-moi Benjamin, de quoi devrais-je avoir honte, d’être heureuse ? »

Il n’avait pas répondu ou presque, il avait juste glissé son bras autour de sa taille de la complicité dans le regard.

« Tu devrais avoir honte d’être aussi belle.

-Là c’est trop, jeune homme...

-Oui je sais .... »

Et puis rapprochant sa bouche de son oreille, il avait rajouté

« Tu devrais avoir honte de me faire bander en public.

-Mais c’est cela qui me plait.

-Je le savais, c’est aussi pour cela que tu me plais, ton autre personnalité »

Ils étaient entrés dans le petit restaurant....

« Bonsoir Angelio.

-Madame Mathilde, quel plaisir, il y a si longtemps. La dernière fois c’était...

-Oui Angelio, c’était ...oublions

-Enzo, La table du fond, per la dona Mathilde, allez, allez ...

-Angelio, je vous présente Benjamin....

-Ravi de faire votre connaissance, je suis ravi que vous ayez fait sortir votre tante.

-Non, Angelio, vous faites erreur, ce Benjamin là n’est pas mon neveu, mais...

-Son amant, je suis son amant ! »

Mathilde avait jeté un regard réprobateur à Benjamin qui avait savouré cette réplique comme une réponse malhonnête à son baiser public.

Une fois installée dans un coin discret du restaurant italien, ellel’avait réprimandé comme un petit garçon !

« Mais que t’a-t-il pris de dire que tu étais mon amant, je suis furieuse, je connais Angelio depuis longtemps ...

-Oui j’ai cru comprendre, tu l’as d’ailleurs interrompu, avais-tu peur qu’il dévoile tes secrets.

-Mes secrets ? De quels secrets parles- tu ? Je n’ai rien à cacher...Tiens-tu vraiment à me mettre en colère.

-A vrai dire, je crois que cela ne me déplairait pas...Tu es toujours tellement sereine, tellement identique à toi-même, enfin celle que je connais. Je suis sûr que la colère te va à ravir... »

Elle avait succombé un court instant aux répliques pertinentes de Benjamin et pour se débarrasser d’explications embarrassantes, elle avait écourté le sujet en changeant de discussion.

« Benjamin, j’ai une question à te poser. Miss Dior pour les bas, je comprends, mais pourquoi des bas ? J’attends une explication plausible ... »

Le regard de Benjamin avait subitement changé...Il allait devoir lui avouer que ...

« Tu ne veux pas me répondre. Et bien je vais te dire ce que je pense .Comment ai-je pu occulter cela ?

-Non je vais t’expliquer !

-Je vais t’expliquer. Je crois, je pense que tu as du découvrir un jour que je portais des bas ...et le jeune homme que tu es, a commencé à s’inventer des histoires, à imaginer une femme, moi...

-Je t’arrête. Tu as raison pour le début, mais après, ce fut pour moi une lutte pour ne pas t’avouer que...

-Que ?

-Que tu me plaisais, que tu me plaisais même beaucoup. Je n’avais aucune chance perdu au milieu de tes autres élèves, alors me pardonneras-tu, j’ai inventé la nécessité de cours particuliers pour me rapprocher de toi.

-Du désir, de l’amour ?

-L‘attrait d’une femme, une vraie femme qui fourvoyait le jeune étudiant. Je me suis égaré, cherchant à te séduire, mais jamais tu ne t’es montrée réceptive à mes égarements.

- Comment pouvais je penser que...

-Que tu es bandante Mathilde ! Tu es fascinante, pourquoi te caches-tu ?

-Bandante ! Je prends cela comme un compliment. Mais je ne me cache pas Benjamin, juste je me suis oubliée par dépit.

-Je suis sur que tu es une vraie garce sous ton manteau de nonne !

-Benjamin !

- Prouve-moi le contraire !

-Que veux-tu ?

-Te baiser encore et encore et par pitié ne m’évoque pas l’excuse de la différence d’âge »

Elle était sidérée par ces aveux soudain, sans pouvoir lui avouer, que certains soirs, une fois les cours finis, elle avait espéré qu’il l’effeuille doucement avant que de lui faire l’amour.

Sa vie de femme s’était arrêtée ici, même, dans ce même restaurant, deux ans auparavant.

Son amant du moment en qui elle espérait avait eu la riche idée de donner rendez-vous à une de ses conquêtes dont elle ne soupçonnait même pas l’existence une heure auparavant.

Tout s’était enchaîné très vite, il s’était avéré vulgaire et méprisant, la traitant en public de vieille salope sur le retour, alors qu’elle lui reprochait une tromperie illégitime et impardonnable. Sa réaction avait été pulsionnelle, lui envoyant une carafe d’eau en plein visage, sous le regard médusé des clients. Les applaudissements de la clientèle avaient clôturé la soirée ainsi que sa vie de femme. Plus jamais elle n’était retournée dîner chez Angelio, honteuse que son amant ait pu ainsi l’outrager publiquement et plus jamais elle n’avait succombé aux charmes d’un homme si séduisant soit-il !

Les égards que lui accordaient Benjamin en ces instants étaient en train de restaurer cette confiance en elle qu’elle avait perdu sous les vexations d’un ignominieux amant qui n’en méritait même pas le nom.

Pire, des émergences érotiques encombraient son esprit au point qu’elle ne savait plus si elle donnerait une suite à l’apéritif.

Les antipasti arrivant à profusion sur la table, la jovialité latine d’Angelio sous sa toque de cuisinier avaient ôté tout projet d’escapade improvisée.

Elle était en train de payer sa dérobade, mais pour, oh combien la combler dés son retour dans ses appartements.

Le repas s’était déroulé sans aucune anicroche, sous le regard bienveillant d’Angelio, qui conscient du bonheur retrouvé de Mathilde, avait multiplié ses apparitions parfois trop obséquieuses pour être spontanées. Les italiens sont inimitables en matière de louanges, ils ont toujours peur de ne pas en faire assez, mais Angelio le pizzaiolo, comme il se plaisait à se nommer, battait tous les records.

Mais ces interventions inopinées avaient eu le mérite de faire rire Benjamin. Il riait comme un enfant, un rire communicatif et vif dont Mathilde était friande. Sous ses regards en biais, elle osait à peine le regarder. Elle cherchait une note, une seule note qui aurait pu la dissuader de tomber dans ses bras. Il était si vivant, si émouvant, si....Alors qu’elle essayait sans pouvoir y parvenir de se trouver une excuse pour ne pas succomber , Benjamin , avait glissé une main sur sa jupe , puis sous sa jupe , empourprant par son audacieuse attitude , les joues de Mathilde déjà bien rosies par les effluves de Chianti et autre limoncello dont l’italien n’était pas avare.

« Bon Angelio, merci pour cette délicieuse soirée, mais nous allons rentrer, il est tard ...Pouvez-vous me donner l’addition ?

-Non, non laissez, c’est pour moi, je suis tellement content de vous revoir, et puis pour le petit aussi.

-Le petit ? C’est de moi que vous parlez Angelio ? Je ne suis pas si gamin que cela j’ai 27 ans !

-Tu sais petit, tu as beaucoup de chance, Mathilde est une Madonna, elle est si belle .Prends soin d’elle et ne lui fait jamais de mal, elle a assez souffert comme ça... ou tu auras à faire à Angelio, foi d’Italien. »

Ce disant il lui avait donné une grande claque amicale dans le dos comme il aurait pu le faire à son propre fils, puis les avait raccompagnés jusqu’à la porte.

Il pleuvait, Benjamin avait enrobé Mathilde de ses bras.

« Que voulait-il dire, pourquoi as-tu souffert ?

-Ne l’écoute pas, Angelio est juste un peu jaloux de ta jeunesse sûrement. »

Ils avaient couru de porte cochère en porte cochère essayant de s’abriter des averses plus violentes, mais lorsqu’ils avaient enfin rejoint l’appartement, ils étaient trempés.

Mathilde s’était ébrouée comme un chien alors que Benjamin la débarrassait de son trench.

Sous le manteau Mathilde exhalaient des fragrances de parfum épicé de sensualité, codes synonymes de déviances érotiques.

Elle avait récidivé. Dans l’urgence, elle avait embrassé Benjamin avec fougue, de la fièvre dans le regard, de la faiblesse dans ses frissons éparpillés sur tout son corps et jusque sous sa peau.

Une attirance presque magnétique planait au dessus du couple, qui empreint d’un incommensurable désir n’arrivait à dessouder leur lèvres.

A chacune des respirations de Mathilde, Benjamin ressentait sa lourde poitrine gonfler et cet effleurement tout en chaleur épidermique avait éveillé en son for intérieur une bien troublante gourmandise de dévorer ses seins.

Avec une douceur presque féminine, il avait défait un à un les boutons du corsage de Mathilde, glissant de temps à autre une main chaude sur son ventre .En totale confiance elle avait redécouvert ces plaisirs sourds et imprégnant qui font qu’une femme décline lentement vers un bien être sensuellement érotique.

Elle avait redécouvert les bienfaits des caresses masculines, l’agréable douleur des morsures tactiles sur des seins avides de baisers, et cette douce chaleur envahissant vos entrailles avant que de mouiller vos dentelles intimes ...Elle avait redécouvert, alors que Benjamin poursuivait son effeuillage savant, combien il était bon de désirer et d’être désirée. Elle en avait tout oublié, la différence d’âge n’était plus une barrière. Elle savait dans le regard de l’autre qu’elle allait aimer ce garçon comme une vraie guerrière si ce n’était jusqu’au bout de la nuit, au moins jusqu’au bout de ses désirs.

Sa pudicité conséquente de sa longue abstinence, aurait du faire de sa demi- nudité, face à ce jeune loup, une gêne légitimé .Mais ce regard, ce regard que Benjamin portait sur elle, lui donnait envie d’être belle, impudique et soumise aux audaces érotiques dont il lui disait qu’il allait l‘honorer.

Il s’était arrêté de la déshabiller lorsque après lui avoir ôté sa petite culotte, alors qu’elle n’était plus que juste vêtue de bas, talons aiguilles et porte jarretelles, il lui avait  clamé :

« Tu es tellement belle, je le savais, je ne m’étais pas trompé. »

L’audacieuse de jadis avait refait surface. Les paroles élogieuses loin d’être les menaces d’un amour trop fugace, l’avaient désorientée au point que, sur l’instant, elle avait endossé le rôle de la garce dont Benjamin rêvait tant.

Repoussant du pied la chaise qui la gênait, elle avait déposé avec une diabolique grâce les rondeurs de sa croupe, et écarté ses cuisses avec une indécence suffisamment calculée pour que Benjamin découvre son sexe peau de pêche et sa fente gourmande.

Le regard qu’il lui porta oscillait entre admiration et exploration, désir de découverte mais aussi stupéfaction. Cette femme offerte dont il avait si souvent rêvé était en train de se concrétiser, là sous ses yeux ébahis et brillants de désirs illimités.

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Vous venez de lire la première partie de Miss Dior, née sous la plume de Mystérieuse. La suite dans quelques jours...

Vous pouvez retrouver son interview d'auteur érotique sur le site.

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Et vos fantasmes prennent vie sur X-art :-)