Piano et saxo

Piano et saxo

Publiée le 02 décembre 2013  




























Des noces d'argent, 25 ans de mariage. 

Les "mariés" ont invité pour l'occasion une trentaine de personnes, familles et amis. Les deux enfants du couple, jeunes adultes de 21 et 24 ans sont là, bien évidemment, avec quelques-uns de leurs amis ce qui amène un peu de jeunesse à cette assemblée. Tous sont en tenue plutôt décontractée en cette belle journée d'été.

Le repas est terminé. Chacun s'est installé pour faire une bonne sieste ou s'occuper tranquillement. Certains se sont affalés dans les fauteuils et canapés dans la fraîcheur du grand salon. D'autres se sont installés sur la grande terrasse, à l'ombre des parasols. D'autres encore sont étendus sur la pelouse, à l'ombre du grand tilleul.

Quelques enfants courent après un ballon. Deux petites filles, des cousines, petits bouts de femmes, discutent éducation, santé, nourriture en changeant les vêtements de leurs poupées. 

Ils sont seuls ou en petits groupes. Des conversations se poursuivent, feutrées.

Tout le monde est bien. Repu. Un peu étourdis, pour certains, par l'alcool et la chaleur. Les jeunes eux-mêmes semblent abattus. Pourtant, ils ont su mettre de l'ambiance pendant l'apéritif et le repas. 

Il s'approche du grand piano à queue qui trône dans un coin du salon, s'y assoit et l'ouvre. Il plaque trois, quatre accords pour en tester la sonorité. Puis il monte et descend les gammes tout le long du clavier pour dégourdir ses doigts.

Un temps de silence. Et il commence de la main gauche, sur les basses, à jouer en boucle une petite mélodie sur huit notes: dong, dong-dong-dong, dong,dong-dong-dong... Il se donne ainsi un rythme... Il crée un tapis musical...
Puis sa main droite entre en action... D'abord, deux octaves plus haut, elle prend le même rythme et la même mélodie que les basses : ding, ding-ding-ding, ding, ding-ding-ding... Puis les doigts s'échappent, sortent du carcan, se lancent dans les aigües, reviennent vers plus graves... Tandis que les basses poursuivent, comme une machine... dong, dong-dong-dong, dong,dong-dong-dong... Les notes s'envolent, les arpèges se succèdent, parfois en de beaux accords parfois en accords dissonants. Les graves ne sont plus qu'accompagnement, automatiques... Les aigües s'enroulent autour...

Le pianiste se laisse emporter par la musique qu'il improvise. Il est seul avec le piano, avec les sons... Il a fermé les yeux, écoute, cherche... Il vibre, il vit sa musique...
Au milieu de ses notes, il ne se rend pas compte que des personnes se sont rapprochées silencieusement, l'entourent, l'écoutent, vibrent avec lui. Chacun a plongé dans cette musique qui provoque au fond de l'être des pensées, des images, des envies... Chacun s'imagine une scène, une histoire, un film... 

Soudain, deux notes venues d'ailleurs. Douces, cuivrées. Parfaitement accordées aux dong-dong-dong et aux ding-ding-ding... Le pianiste ne bronche pas, ne semble pas surpris, continue sa mélodie... Elle se tient debout derrière le pianiste avec son saxophone, légèrement sur le côté pour suivre des yeux les mains qui courent sur le clavier. Deux autres notes, comme pour s'échauffer... Puis, quelques tons au-dessus, l'instrument joue au même rythme la même mélodie que les basses du piano... doum, doum-doum-doum, doum, doum-doum-doum... Puis, à leur tour, les notes du saxophone s'envolent, prennent leur indépendance, se détachent du thème des basses... Elles ne se heurtent pas à celles du piano, ne les imitent pas non plus, non, elles les appuient, leur donnent du relief... Elles les épousent.

Les basses continuent et les aigües s'affirment. Alors le saxo se fait plus doux, devient accompagnement, support... Puis c'est le saxo qui s'affirme et alors le piano se fait discret, à leurs tours, les aigües deviennent accompagnement. Tandis que les basses continuent inlassablement leur mélodie sur le même rythme...  dong, dong-dong-dong, dong,dong-dong-dong... Tour à tour les instruments prennent le dessus et l'autre se fait douceur...

Lui et elle ne se sont jamais regardés. Ou du moins, lui ne s'est pas retourné pour la voir. Mais elle, si au début elle regardait ses mains jouer sur les touches d'ivoire, joue maintenant les yeux fermés. Lui aussi a les yeux fermés. Tous les deux concentrés sur les notes qu'ils impulsent à leurs instruments. Mais tous les deux parfaitement accordés. En communion profonde.

La musique devient plus puissante, les notes s'enroulent de plus en plus fortes, de plus en plus hautes, de plus en plus rapides... Et puis il n'y a plus qu'une seule note aigüe du piano qui se répète inlassablement, pendant plus d'une minute, très forte, tandis que les basses, toujours au même rythme, avec la même mélodie sont fortissimo et les notes du saxo se succèdent, glissent, donnant l'impression d'une tempête, d'une tornade...

Tout s'arrête doucement. Descente et arrêt des aigües... Descente du saxo qui vient au niveau des basses du piano et s'accordent à leur mélodie et à leur rythme... De plus en plus doucement. Une dernière note. Une autre. Plus rien. Silence...
Il a gardé ses mains sur le clavier. Elle a gardé son instrument en bouche, ses doigts sur les clés. Ils se détendent l'un et l'autre. Leurs épaules s'affaissent. Les personnes massées autour d'eux poussent aussi ensemble un grand soupir comme si chacun avait été tendu et avait retenu sa respiration pendant un long moment... Et enfin, ils applaudissent.

Alors les deux musiciens semblent reprendre contact avec la réalité. Ils ouvrent les yeux, sourient...
Il se lève de son siège et se retourne. Il la prend par l'épaule, la serre contre lui et dépose un baiser sur son front.

- Merci. Vous avez été superbe.
- Non merci à vous. C'était super, oui...
- On va boire quelque chose ensemble ?
- Volontiers.
Elle repose son instrument dans sa malette posée par terre. Il ferme le piano. Ils ne font pas attention aux autres. Ils sont comme seuls. Encore semblent-ils plongés dans leur musique. En se dirigeant vers la table sur laquelle sont disposés verres et bouteilles, il lui souffle :
- Vous m'avez troublé avec votre saxo...
- Ah bon ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Servons-nous et allons parler quelque part...

Elle se sert un grand verre de coca et il prend une canette de bière. Et ils vont s'asseoir dans une balancelle, à l'ombre d'un parasol, sur la terrasse. Il ne peut s'empêcher de la regarder : une belle jeune fille, aussi grande que lui, fine, le teint mat, les yeux noirs, les longs cheveux noirs également. Elle est vêtue d'une petite robe légère dont le décolleté laisse apercevoir le haut de ses deux seins et qui lui arrive à mi-cuisses. De longues jambes.

- Comment vous appelez-vous ?
- Ludivine. Mais vous pouvez me dire tu.
- Ok. Mais toi aussi tu me dis tu. Moi c'est Alexandre mais on m'appelle Alex. Et tu es qui ?
- Je suis une grande amie de Coralie, la fille de...
- Oui, je connais bien Coralie. Je l'ai presque vue naître ! Vous avez 24 ans, comme elle ?
- Oui ! Et v... et toi ? Tu es de la famille ?
- Non. Comment te dire ? Je suis un ex-amant de la maman de Coralie.
- Ah ?...
- Mais je te rassure. On avait 15 ans tous les deux... Ça fait donc presque 40 ans !...
- Vous avez 55 ans ? Vous les faites pas !
- Merci, flatteuse !.... Ça a duré un petit temps notre relation. Deux, trois mois, je crois... C'était plus qu'un simple flirt, si tu vois ce que je veux dire... Elle a été la première fille avec qui j'ai couché. Et j'en garde un merveilleux souvenir... Mais je sais que ce n'est pas réciproque. Comme tous les garçons de cet âge, j'avais surtout hâte d'avoir mon propre plaisir sans trop m'occuper du sien...

Il rit mais il cache derrière ce rire une certaine nostalgie.
- Et tu es resté en lien avec elle depuis ?
- Ah non ! Pas du tout. On s'est perdu de vue. On a fait nos études chacun de notre côté, elle à Grenoble, moi à Bordeaux. Et à la fin de mes études, je suis devenu très ami avec un garçon. Une vraie amitié et on ne s'est pas perdu de vue. Et un jour, il m'a annoncé qu'il était amoureux. Et il m'a invité à son mariage. C'était il y a 25 ans. Et un an après, est né un charmant bébé, une fille qu'ils ont appelée Coralie.
- C'est pas vrai ? C'est vraiment marrant. Le monde est petit...
Ils rient ensemble.

Justement, les parents de Coralie, les héros du jour, passent par là...
- Salut les artistes. Bravo ! C'était très beau tout à l'heure. Très prenant. A croire que vous aviez répété pendant des semaines avant... Pourtant vous ne vous connaissiez pas ?
- Merci. Non, on ne se connaissait pas. Mais nous sommes en train de faire connaissance.
- Pour jouer comme cela, il faut une sacrée complicité, non ?
- Ben oui, sans doute ! On s'est trouvé.
- C'est une musique que vous connaissiez ?

Ludivine et Alex rient ensemble.
- Pas du tout ! Improvisation pure !
- Et bien bravo ! Vous vous êtes retrouvés sur la même longueur d'ondes !
- Oui. Peut-être avions-nous les mêmes pensées, nous faisions-nous le même film... Quoique j'en doute !
- Ah bon ? Et quel était ce film que tu te faisais en jouant, Alex ?
- Ah ça !... je ne peux te le dire... C'est un secret. Que je peux éventuellement partager avec Ludivine, ma complice du moment... Si elle me le demande...
- Et bien alors, je te le demande...
- Je ne peux te répondre maintenant... Je te dis que c'est un secret...
- D'accord ! On a compris ! On vous laisse tous les deux avec votre secret. A tout à l'heure. Vous nous rejouerez bien quelque chose...
Et le couple s'éloigne les laissant seuls tous les deux. Alex les regarde partir, songeur. Il dit tout bas à Ludivine :
- Malgré son âge avancé, le même que le mien, elle est encore bien foutue cette femme, non ?
- Ohhh ! Shocking ! dit en riant la jeune fille. Tu ne vas quand même pas piquer la femme de ton ami !...
- Non ! Je ne lui ferai pas ça. Et il faudrait qu'elle le veuille aussi et ça, je sais que ce n'est pas possible. Ils sont trop fusionnels tous les deux... 

Ils restent un instant en silence. C'est Ludivine qui le rompt.
- Maintenant que nous sommes seuls, tu peux me dire ce que c'était ton film quand tu jouais ?
- Je ne sais pas... J'ai peur de te choquer...
Ludivine prend un air coquin
- Ah bon ?... C'était un film osé alors ? Mais dis-moi, j'aime les films osés !...
Elle rit.
- OK ! Mais tu me diras aussi. En fait, je pensais... à la maman de ta copine. Je pensais à mes 15 ans avec elle... Je la déshabillais, la caressais et lui faisais l'amour... Et je t'ai dit tout à l'heure que tu m'avais troublé c'est parce que ton saxo est arrivé au bon moment. Il représentait pour moi la femme dans toute sa splendeur, sa sensualité... Quelquefois je la dominais, quelquefois c'est elle qui me dominait. Et tu es parfaitement rentrée dans mon jeu avec ton instrument. Sans le savoir sans doute... Et la note haute à la fin que je répétais sans arrêt... c'était mon orgasme. Et ce que tu jouais à ce moment me faisait aussi sentir la jouissance de la femme... Je ne devrais pas le dire à une jeune fille comme toi et tu vas me prendre pour un vieil obsédé lubrique mais j'ai failli jouir à ce moment-là... pour de vrai.

Un silence s'installe entre eux. Ils se regardent dans les yeux, fixement. Ludivine ne cille pas. Elle ne semble ressentir aucune gêne vis-à-vis de ce que lui a dit Alex. Lui, par contre, regrette de s'être ainsi et si vite livré. Elle va penser que je la drague. Elle est si belle, elle semble si innocente...
La voix un peu enroué, il finit par dire :

- Je t'ai choquée. Pardonne-moi.
- Non, tu ne m'as pas choquée... Parce que moi j'avais aussi un rêve sensuel en jouant. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai ressenti ce que tu ressentais, parce que ta musique était tellement transparente... Je n'aurais jamais osé te le dire si tu n'avais pas parlé le premier. Ce n'était pas aussi précis que toi mais je m'imaginais nue dansant avec un garçon ou avec une fille... Ça changeait... Nos corps se frôlaient, se caressaient, se mélangeaient... Et j'ai bien ressenti ton orgasme à la fin... J'étais aussi proche du mien. J'étais trempée... Epuisée...

Nouveau silence et cette fois c'est Alex qui le rompt en se forçant à prendre un air détaché comme si rien ne s'était dit ou du moins rien d'une telle intimité :
- Bon ! Eh bien voilà qui est dit. On a inventé tous les deux la musique pornographique !
Ils rient. Mais rient jaune. Ludivine demande :
- Tu crois que les autres ont compris cela aussi ?
- Va savoir. Certains, peut-être. D'autres n'ont rien ressenti du tout. Tu sais que la musique agit différemment sur chacun... Nous qui la pratiquons ressentons des choses que les autres ne ressentent pas...

Après ces aveux, ils sont un peu gênés l'un et l'autre et ne savent plus quelle attitude avoir l'un envers l'autre. Alex remarque maintenant les seins de Ludivine et a le regard hypnotisé par eux... Et ses jambes, ses cuisses nues sur lesquelles il voudrait poser la main... Mais ce n'est pas possible, pas ici devant tout ce monde... Il a envie de faire l'amour avec elle et il bande. Mais c'est une inaccessible étoile comme le chante Brel. Elle est si jeune, que voudrait-elle faire l'amour avec  un homme qui pourrait être largement son père, qui a trente ans de plus qu’elle ?

Ludivine, de son côté, a remarqué le gonflement de la braguette d'Alex. Elle n'est pas non plus insensible à cet homme, à sa sensualité, à sa douceur... Il a beau être vieux (il a plus du double de mon âge!), il est encore bel homme, ses yeux bleus, ligne svelte, presque pas de cheveux blancs...  Mais que ferait-il de ce qu'il doit considérer comme une gamine ? Il est attiré par la mère de Coralie !  C'est de son âge. Il est équilibré, lui. Pas comme elle qui a parfois fort envie de faire l'amour avec des hommes qui ont l'âge de son père.

La gêne devient palpable. Heureusement Coralie arrive vers eux toute joyeuse, pleine de malice.
- Ah ! Vous êtes là, les amoureux ! Non, je rigole. Les artistes ! Je vous cherchais. Vous venez nous faire danser avec votre  musique. C'était si beau tout à l'heure... J'avais envie de bouger.
- De bouger ?
- Oui, de danser. ! Pourquoi ? Ça vous surprend ? Vous me regardez comme si j'avais dit une bêtise.
- Non, c'est bien que tu aies eu envie de danser. Tu aurais dû ! On y va, Alex ?
- OK, on y va...
Coralie repart en courant. Pendant qu'ils se lèvent et se dirigent vers le salon, Alex souffle à l'oreille de Ludivine :
- On est sage cette fois-ci. On prend des airs connus et on les fait danser puisque c'est ce qu'ils veulent...
- Oui, compris.

Alex s'installe au piano et commence à jouer Let it be... Ludivine prend son saxo, le chauffe et le rejoint... Les instruments sont parfaitement accordés... Tantôt c'est l'un d'eux qui joue le thème des Beatles, l'autre l'accompagnant, tantôt, c'est l'inverse... Parfois, ils s'échappent, improvisent mais ça reste sage et ils reviennent vite à l'original... Ensuite c'est Ludivine qui commence  La vie en rose de Piaf rejointe par le piano... 

Ils jouent ainsi un bon moment, très sagement. Une fois ils ont ensemble déliré sur la Marseillaise ce qui a fait beaucoup rire l'assistance qui scandait le rythme en tapant dans leurs mains.

Cette fois, Ludivine s'est mise face à Alex, devant la fenêtre. Parfois, ils se regardent intensément dans les yeux... pleins de désir. Aucun des deux n'ose se dire la signification de ce regard qu'ils devinent, tant ils pensent cela tellement improbable.

Le soleil descend. Soudain, entre les branches d'un arbre, un rayon de soleil se pose dans le dos de Ludivine. Par transparence, Alex la voit nue, dans ses sous-vêtements blancs, auréolée de lumière. Cela ne dure qu'un instant car, en jouant, la jeune fille ne tient pas en place... Il la regarde intensément, se tord le cou pour essayer de se remettre dans l'axe... Peine perdue... 

Lorsqu'ils arrêtent de jouer, Ludivine est happée par Coralie, son frère et leurs copains. Quelqu'un a mis un disque sur la chaîne et toute la jeunesse se dandine au milieu de la pièce. Alexandre voudrait regarder le corps de la fille bouger, se frotter aux autres corps, se tendre, s'enrouler... Quelle grâce. Mais à son tour il est happé par le maître de maison qui lui propose de venir prendre un apéritif sur la terrasse...

Plus tard, un buffet est servi, fait des restes du midi. De toute façon personne n'a très faim... Impossible de se rapprocher, chacun pris dans le cercle de ses pairs. Au milieu de ces adultes qui lui parlent travail, politique, sport, Alex cherche continuellement du regard la jeune fille. Et souvent, il croise son regard alors qu'elle s'amuse avec les garçons et les filles de son âge...

Alex est désespéré. Il va falloir qu'il pense à reprendre la route et il n'aura pas la possibilité de retrouver un moment d'intimité avec Ludivine qui est devenue obsédante. Mais c'est alors que se produit un miracle qu'il n'avait pas même rêvé.

- Alex !...
C'est Coralie qui l'appelle. Elle vient vers lui accompagnée de sa mère et de Ludivine.
- Alex, tu habites bien à Tours maintenant ?
- Oui. Je vais partir maintenant. J'ai deux heures de route et je n'aime pas trop conduire la nuit. Pourquoi ?
- Tu pourrais prendre Ludivine avec toi alors ? Elle habite aussi à Tours...
- Quoi !...
- Ça t'embête ? Vous pourrez ainsi parler musique. Elle te jouera du saxophone pour t'empêcher de t'endormir.
Alex fait un effort énorme pour ne pas montrer son trop plein de joie.
- Non, non, ça ne m'embête pas. Si elle veut bien...
Ludivine est très calme.
- Oui, je veux bien. Merci ! Comme ça je n'aurais pas à prendre le train demain matin de très bonne heure... Si ça ne vous dérange pas.
- Pas le moins du monde, mademoiselle. Avec grand plaisir.

Dix minutes plus tard, ils s'installent dans la voiture. Coralie et ses parents les ont accompagnés. Remerciements pour l'excellente journée, embrassades... Quand ils sont assis, qu'Alex met le contact, la maman de Coralie se penche vers Ludivine par la fenêtre ouverte :
- Ecoute moi bien, ma petite. Fais attention à cet homme. C'est un rapace, un mangeur de femmes, un obsédé, un  satyre...

 

2ème partie

 Ils roulent un moment en silence, chacun perdu dans ses pensées. Tous les deux sont émus de se retrouver ainsi dans l'intimité de la voiture. Chacun se demande comment amener la conversation, tout simplement comment la mener, quelle attitude avoir pour que le voyage se termine comme ils le rêvent l'un et l'autre : se serrer dans les bras l'un de l'autre et faire l'amour... Alex a très envie de tenir ce jeune corps de femme contre lui, de caresser ses petits seins entraperçus, ses longues cuisses fines qui sont toutes proches des siennes... Ludivine a envie de se blottir contre ce corps d'homme, de sentir son sexe en elle. Il est rassurant, il semble doux... Mais tous les deux pensent que c'est impossible. Trente ans de différence !

Aucun des deux ne veut choquer l'autre en le provoquant, en lui faisant des avances qui pourraient être mal prises. Ludivine ne veut pas qu'Alex la considère comme une traînée qui va avec le premier venu même s'il a le double de son âge. Alex ne veut pas que Ludivine prenne au premier degré la boutade de la maman de Coralie, qu'elle le prenne pour un obsédé et un insatisfait qui rêve sur les jeunes filles...

C'est finalement Alex qui rompt le silence :

- Il ne faut pas croire tout ce que dit la maman de Coralie. Quand elle dit que je suis un mangeur de femmes, un obsédé et tout ça, c'est pas tout à fait juste...
- J'ai bien compris que c'était une boutade. Mais il doit y avoir un peu de vrai quand même, non ?
- Bof !....
- Tu es marié ?
Alex reste en silence un moment. Que dire à cette toute jeune fille ? Finalement, l'obscurité qui gagne la voiture lui donne du courage.
- Tu veux que je te raconte mon histoire amoureuse ? Ok ! Mais à condition qu'après tu me racontes la tienne. D'accord ?
- Oh, tu sais la mienne... Je suis plus jeune et il n'y a pas grand-chose à raconter. Mais d'accord !
- On se dit tout alors. Le jeu de la vérité...
Il rit. Mais il rit seul et un peu jaune. Histoire de se donner une contenance et paraître détaché.

- Je fais vite en passant les détails. Il y a donc eu la maman de Coralie, j'avais 15 ans. Avant j'ai eu quelques flirts : des baisers, se prendre par la main, parfois une main qui se posait sur un sein à travers le pull ou sur les fesses... Rien de plus. Elle, elle a été la première avec qui j'ai fait l'amour pour de vrai, dans un lit, nus tous les deux. Tous les deux nous l'avions voulu... C'était chez moi la première fois... Et puis d'autres fois, toujours en cachette... Une seule fois on a pu passer la nuit ensemble chez elle, pendant l'absence de ses parents. J'avais raconté je ne sais plus quoi à mes parents. Et puis les vacances sont arrivées et elle a déménagé. Alors on s'est perdu de vue... Et ça a été un vrai chagrin d'amour pour moi parce que je crois que je l'aimais vraiment, pas seulement ses seins et son cul ou faire l'amour avec elle... Elle, je ne sais pas ce qu'elle a ressenti et ce qu'elle éprouvait à mon égard. Je n'ai jamais osé le lui demander depuis qu'on s'est retrouvé... Après j'ai eu quelques autres filles mais c'était surtout pour faire l'amour, baiser... Des coups d'un soir, quoi !. 

Et puis un jour j'ai rencontré une fille et on a eu le coup de foudre réciproque. On s'est marié vite, on avait 22 ans. On est resté ensemble pendant 10 ans et on s'est séparé. Faut dire que j'avais commencé à aller voir ailleurs de temps en temps. Et quand elle s'en est rendu compte, elle a fait pareil... Je ne pouvais pas lui en vouloir. A la fin, on passait chacun presque plus de temps dans les bras de quelqu'un d'autre que son conjoint ! Alors on s'est séparé. Ça allait bien, on ne pouvait pas avoir d'enfants. A cause de nous deux...
Et puis après j'ai vécu avec d'autres femmes. Pendant un an, trois mois, trois jours... Ça dépendait... Et puis des périodes où j'étais seul, plus ou moins longues. En ce moment, je suis seul depuis trois mois... Voilà, tu sais l'essentiel. A toi.

- Oh, moi !... Ça va être rapide. La première fois que j'ai fait l'amour, enfin, si on peut appeler ça comme ça, j'avais 15 ans et lui 16. Il était mignon, on s'aimait bien. Un jour on était parti se balader en vélo, on s'était arrêté au bord d'un petit ruisseau, l'herbe était douce... Très bucolique, tu vois ! On s'est embrassé. Il me tâtait les seins. Il a glissé une main sous la jupe, je me suis laissé faire. J'avais envie de faire l'amour avec lui. Il l'a compris. Il m'a bousculée dans l'herbe, il a relevé ma jupe, enlevé... arraché plutôt, ma culotte, il m'a écarté les jambes, s'est débraguetté et hop !, directement dans le trou ! Sans préliminaire. Il m'a fait mal en me pénétrant, beaucoup plus mal en me déflorant et il a joui. Deux secondes, ça lui a pris. Il est resté sur moi une dizaine de secondes pour reprendre son souffle en m'écrasant de tout son poids, il s'est retiré et s'est reculotté ! Terminé. J'ai même pas vu sa quéquette !... J'en chialais de douleur, de honte et de déception. Il m'a demandé pourquoi je pleurais. Et il me dit que c'était super et que pour lui c'était la première fois qu'il faisait ça !... Je ne l'ai plus jamais revu après ou du moins je faisais tout pour l'éviter. Il se demandait pourquoi, le con !... Il m'a sérieusement dégoûtée des garçons.
La fois suivante, j'avais plus de 17 ans. Là, ça a été très différent. J'ai vraiment joui avec un garçon... Ça a duré plusieurs mois, on se voyait au moins une fois par semaine. Et puis on s'est perdu de vue. Et puis après, des coups d'un soir aussi, avec plus ou moins de bonheur, deux ou trois qui ont duré un peu plus... J'ai jamais habité avec un mec et je n'en ai pas envie pour le moment...
- Et maintenant ?
- Comme toi ! Célibataire.
- Ça te manque ?
Le cœur de Ludivine bondit. Peut-être une porte d'entrée ?
- Oui. J'ai envie d'un vrai homme qui me prenne dans ses bras et me fasse jouir toute la nuit.
Mais Alex ne saisit pas la perche.

- Et avec des filles, tu as été ?
Ludivine force son rire.
- Ah c'est bien un fantasme d'homme ça ! Voir deux femmes ensemble... Oui, et j'ai aimé. Voilà, tu sais tout.
- Raconte.
- Tu es bien curieux.
- On s'était dit qu'on se disait tout.
- Tu m'as tout dit, toi ?
- Presque...
- Presque... Bon ! Après tout c'est un bon souvenir alors je veux bien te raconter. J'avais 16 ans. Elle 25. C'était – c'est toujours d'ailleurs- ma belle-soeur. La copine de mon frère. Je l'aimais bien. Parce qu'elle était jeune, gaie, on avait les mêmes goûts en musique, ciné... Et j'adorais sa manière de s'habiller. Elle m'a invité à venir passer 8 jours de vacances chez elle à Paris. J'étais folle de joie. D'autant plus que je ne connaissais pas Paris.
Elle est venue me chercher à la gare en milieu d'après-midi et nous avons été directement chez elle. Et elle m'explique qu'elle veut faire du shopping avec moi le lendemain mais il faut avant qu'elle fasse de la place dans son armoire et elle veut donc me faire essayer ses vêtements pour me les donner. Elle habitait un tout petit studio, je le savais, elle m'avait prévenue. On devrait dormir dans le même lit, un clic-clac qu'elle ferme tous les matins et ouvre tous les soirs. Un tout petit coin cuisine. Une cabine de douche vitrée dans un coin. Seuls les WC étaient dans une pièce à part... tout juste la place de s'y asseoir. Au 6ème étage avec vue imprenable sur les toits de Paris.   

Nous avons passé le reste de l'après-midi à vider son armoire. J'étais en petite culotte et soutien-gorge et j'essayais robes, jeans, shorts, chemisiers, tee-shirt, pull, vestes... On rigolait comme des petites folles. A la fin, j'avais une pile énorme par terre qu'elle me donnait. J'ai dû acheter un grand sac le lendemain pour tout ramener chez moi. Quand on a eu fini, elle me dit quand même que j'avais des sous-vêtements ringards et qu'elle m'en achèterait le lendemain... Et elle me montre quelques-uns des siens...
Et puis, elle a sorti un plan de Paris et on a fait le programme des jours suivants : les grands magasins, le Louvre, bien sûr, Notre Dame et tout le reste... On est descendu manger dans un petit restaurant chinois en bas de chez elle...

Et quand on est remonté, les choses sérieuses ont commencé et j'avoue qu'au début j'étais dans mes petits souliers... Elle me dit qu'elle va prendre sa douche. Et elle commence à se déshabiller devant moi... C'est vrai qu'il n'y avait pas d'autre place et de toute façon la douche est à la vue de tout le monde ! Dieu que je l'ai trouvée belle, nue. J'étais gênée mais je la regardais... Ses seins... Ses fesses... ses longues cuisses... Et son sexe parfaitement épilé. Pendant qu'elle se douchait, je faisais semblant de regarder la carte de Paris mais je n'en perdais pas une miette...

Et puis elle est sortie, s'est essuyée... Et m'a dit "A ton tour !"... Ouh la la ! J'avais pas envie... J'étais gênée. Pas l'habitude de me mettre nue comme ça devant quelqu'un... Mais bon, fallait bien y aller. Et puis j'étais assez fière de mon corps... Mais quand même. Je me suis déshabillée en lui tournant le dos... De temps en temps, je la regardais, elle ne s'occupait absolument pas de moi. Toujours nue, elle était en train d'ouvrir le lit...

Quand j'ai eu fini, je me suis retrouvée face à elle. Toujours nue. Assise sur une chaise, jambes allongées et écartées... J'avais pleine vue sur son sexe... Et elle me regardait. "T'es pas mal comme fille" qu'elle me dit en rigolant. "Mais t'as gardé ta foufoune... T'as pas envie que je te la rase... Regarde-moi... Je t'assure, on est mieux, plus à l'aise..."... J'ai hésité mais elle était un peu insistante et je me suis laisse faire sans que ça me déplaise vraiment... Elle m'a rasée. Je t'avoue que j'ai eu un certain plaisir quand elle a posé sa main sur mon sexe pour raser entre mes lèvres et le haut de mes cuisses...

Et puis on a été se coucher. Elle m'a empêchée de prendre ma chemise de nuit... "Je dors toujours nue, tu vas voir, on dort mieux..." En plus, il faisait chaud... Quand la lumière a été éteinte, on était toutes les deux sur le dos. Elle me demande si j'ai déjà fait l'amour avec un mec... Je lui raconte ce que je t'ai raconté tout à l'heure, c'était mon expérience unique à l'époque. Elle me demande alors si je me caresse. Je me sens rougir dans l'obscurité mais lui dit oui. Ce qui était vrai... et l'est toujours d'ailleurs. Et elle me dit qu'elle se masturbe tous les soirs avant de dormir. Et elle ajoute "Tu vas voir, sans poils, c'est beaucoup mieux...". Et je la sens qui commence à se caresser. Alors timidement j'ai glissé ma main vers mon sexe et j'ai commencé aussi à me caresser... On s'est caressé comme ça, côte à côte, sans s'occuper de l'autre.... De temps en temps, nos cuisses se frôlaient... On a joui presqu'ensemble. Quand on a eu fini, elle a pris la main avec laquelle je m'étais fait jouir, elle l'a sentie et léchée... Et elle m'a serrée contre elle, nos seins se frôlant, elle me caressait le dos, le haut des fesses... J'étais bien mais n'osais pas lui rendre ses caresses. Et je me suis endormie ainsi.

Quand je me suis réveillée le lendemain, elle était déjà debout en train de préparer le petit déjeuner. Et on n'a pas reparlé de tout ça... Pas un geste équivoque dans la journée... Quand on s'est couchée le soir, nues bien sûr, elle me demande si j'ai déjà fait l'amour avec une autre fille. Et elle me demande si j'ai envie d'essayer... J'attendais cela. J'ai dit un grand oui... Et elle a commencé à me caresser... J'étais timide au début mais j'ai fini par oser aussi... Et ça a été sublime !... On a essayé plein de positions, dessus, dessous, tête-bêche, en ciseaux... On se caressait avec nos mains, nos bouches, nos sexes, nos seins... Et ainsi tous les soirs...

Ludivine se tait.
- Et bien !... Je sens que tu as aimé. Et après, tu as eu d'autres aventures féminines ? Et ta belle-soeur, tu l'as revue ?
- Oui, je l'ai revue. Mais il ne s'est rien passé. J'avais des mecs et elle... elle a épousé mon frère. Sinon, aucune autre fille... Si ça se présente, je verrais...

Le silence s'installe dans la voiture. Ils approchent de Tours et ils sentent l'un et l'autre que se rapproche l'heure de la séparation... Chacun avec son envie qu'il n'ose avouer à l'autre.
- Tu es attendue ce soir, Ludivine ?
La voix d'Alex est éraillée. Il a parlé tout bas comme s'il ne voulait pas qu'elle entende... Ludivine avale sa salive avant de répondre par la négative.
- Ludivine...
Silence.
- Oui ?
- Je... Non... Si... J'ai très envie de faire l'amour avec toi... Non, je n'aurai pas du te dire ça. Tu vas me juger, me traiter de salaud... Non, je n'ai rien dit.
Il se force à rire.

- Depuis le début, je te l'ai dit. Avec ton saxo... Tu me troubles... Tu me fais dire n'importe quoi...
- Parce que tu n'as pas envie ?
- Non... Si... Bien sûr... Comme tous les hommes quand ils voient une belle femme comme toi. Et tous les vieux de mon âge avec une jeune midinette bien foutue...
- Parce que moi j'ai envie aussi.
La voix de Ludivine est très posée, très calme.
- Tu es sûre ?
- Oui !
- Mais je suis trop vieux pour toi ! Trente ans !...
- Ah bon ? Alors je ne veux plus...
- Si...
- Faut savoir !...
Ils rient de bon cœur.
- On va chez moi alors ? On y est dans dix minutes...
- Où tu veux...
- J'ai un piano. Tu prendras ton saxo !

Ils se font face au milieu du grand séjour, debout sur l'épais tapis, les bras le long de leur corps. Ludivine a été agréablement surprise par le dépouillement de cette salle. Un piano à queue dans un coin. Un grand canapé en face. Une table ronde avec quatre chaises dans un autre coin. Murs blancs avec quelques gravures liées à la musique. Trois petits guéridons sur lesquels sont posées des lampes qu'Alex s'est empressé d'allumer en entrant. Une étagère avec quelques livres. Et ce grand espace au milieu.

Ils se regardent intensément. Ni l'un ni l'autre ne veut donner l'impression de se précipiter comme un rapace sur sa proie. Ils sont tout en retenue. Chacun pense à sa chance que l'autre veuille de lui, attende de lui de la jouissance partagée. Ils repensent l'un et l'autre à ce qu'ils se sont dit depuis qu'ils se connaissent, à toute cette sensualité partagée, à ces confidences murmurées... Comment ont-ils osé aller aussi loin avec cette personne qu'ils connaissent à peine mais ont cependant l'impression de connaître dans la plus profonde intimité ? Ils ne le regrettent pas bien sûr puisqu'ils sont là, face à face, pleins de désir et sachant l'autre également plein de désir. Et ils savent que dans un instant...

D'un  même mouvement, ils s'approchent l'un de l'autre et, enfin, s'enlacent. Enfin le corps désiré contre le sien. Enfin ces bras qui se referment sur soi. Tout de suite leurs lèvres se collent, s'ouvrent et commence la danse des langues tantôt dans une bouche, tantôt dans l'autre... Elles se caressent, s'enroulent... Elles miment le coït tant attendu, tant espéré...
Commence aussi la danse des mains qui glissent le long du corps collé au sien. Elles explorent, contournent, empoignent les formes désirées : les seins, les fesses, les épaules, les bras... Sans trop attendre, Alex descend la fermeture éclair de la robe dans le dos de Ludivine. Il écarte les deux pans de tissu et s'attarde à dégrafer le soutien-gorge... Il s'écarte pour laisser les deux vêtements glisser vers le sol. Ludivine s'écarte aussi pour accompagner le mouvement. Dans le même geste, elle fait glisser sa culotte le long de ses jambes.
Alex ne perd pas de temps et ouvre sa chemise. Se redressant, la jeune femme ouvre le ceinturon de l'homme, descend le zip et fait glisser ensemble vers le bas pantalon et shorty. Lâché par l'élastique le sexe tendu jaillit comme mu par un ressort et claque contre le ventre. 

Les voilà de nouveau face à face. Nus. Ils se regardent intensément... Alex est fasciné par la finesse du corps de la jeune fille, par la taille et la forme de ses seins, par ses longues cuisses, par son pubis parfaitement épilé. Il a une pensée pour la belle-soeur de Paris ! Ludivine est tout autant fascinée par le corps de l'homme : ses épaules puissantes, sa poitrine velue, son ventre plat, ses cuisses musclées. Et ce sexe dressé...

De nouveau ils se collent l'un à l'autre, s'enlacent. Leurs lèvres se soudent encore. Recommence la danse des langues et des mains.
Ludivine ondule du bassin pour faire rouler le vit coincé entre leurs deux ventres. Elle caresse les biceps de l'homme qui l'étreint... Elle caresse la toison de sa poitrine de la pointe de ses seins... Alex est émerveillé de tenir un tel corps entre ses bras. Il avait oublié la douceur et la souplesse d'une peau jeune, la fermeté des jeunes seins, des jeunes fesses... Il est surpris qu'un tel corps lui soit ainsi offert, qu'une si jeune femme ait envie de son vieux corps...
Doucement, sans lâcher ses lèvres des siennes, il la pousse vers le canapé. Il la fait assoir, lui écarte doucement les jambes et se met à genoux par terre entre elle. Il glisse sa main sous les fesses rondes, sous les cuisses longues et il plonge son visage vers ce sexe ouvert et humide qui s'offre à lui. Il le lèche, l'embrasse, le lape... De la langue, des lèvres, il titille le clitoris qu'il a trouvé sans difficulté... Sa langue pénètre autant qu'elle peut entre les lèvres. Ludivine se laisse faire, accepte cette caresse,  cherche toutes les sensations qu'elle provoque au fond de son corps. Elle se contente de caresser la tête et la nuque de l'homme. Elle est gagnée par une douce chaleur... Une onde de plaisir la gagne... Alex la pénètre d'un doigt, tout en continuant de la sucer... Le doigt va et vient entre ses muqueuses. L'autre main court sur son corps, de sa cuisse à son sein... Elle fait bouger son bassin allant à la rencontre des caresses prodiguées...
Elle respire de plus en plus fort... Elle ne pense à rien d'autre qu'à son plaisir qui monte, qui la remplit... Elle se raidit, elle serre le corps d'Alex entre ses cuisses... La bise devient tempête, ouragan puis c'est l'explosion qui l'électrise tout entière... Orgasme puissant, violent qui lui fait lâcher un petit cri...

Lorsqu'elle a retrouvé son souffle, Alex dresse son visage vers elle. Elle se penche vers lui et ils échangent un profond baiser. Elle retrouve dans la salive d'Alex le goût de sa cyprine, sur son visage, sa propre odeur... Elle le tire par l'épaule, lui faisant ainsi comprendre qu'elle veut qu'il se remette à sa hauteur... Alors Alex se redresse, s'assoit tout contre elle et la prend dans ses bras... Il lui caresse les épaules, ses petits seins pointus, son ventre et glisse la main vers son sexe mais elle ne se laisse pas faire cette fois. Elle veut lui rendre le plaisir reçu...

Elle se met à genoux tout contre lui sur le canapé, saisit d'une main l'objet tant désiré, le phallus gorgé de désir... Elle le caresse, de haut en bas, de bas en haut... Elle aime en sentir l'épaisseur, la fermeté au creux de sa main. Elle dégage le gland en tirant la peau vers le bas et se penche en avant pour embrasser le bout ainsi dégagé avant de le prendre en bouche... Cette fois c'est Alex qui se laisse faire. Il se cale au fond du canapé, écarte les jambes pour qu'elle puisse aussi lui caresser testicules et périnée... Et il lui caresse le dos, les fesses d'une main, les seins de l'autre...

Ludivine suce, tète, lèche le sexe... Elle n'en prend que le bout dans sa bouche ou alors le prend presque tout entier... Tout en jouant avec sa bouche, sa main continue à aller et venir le long de la hampe, variant l'intensité, le rythme, l'amplitude de sa caresse...
A son tour, Alex sent le plaisir monter en lui. La jeune fille est experte en fellation... Mais il ne veut pas jouir ainsi dans sa bouche. Il veut encore faire durer le plaisir. Alors doucement il la repousse, la fait s'asseoir à califourchon sur ses cuisses...

- Prends-moi !... Pénètre-moi !...
le conjure Ludivine en prenant de nouveau son sexe en main et en essayant de le faire pénétrer entre ses lèvres.
- Non. Pas encore. On a le temps... Reste ainsi, tout contre moi. On est bien...
Et il la plaque contre lui, sa tête sur son épaule. Il lui caresse le dos, les fesses... Il aime sentir ses seins contre sa poitrine... Il aime sentir l'humidité et la chaleur du jeune sexe féminin contre son vit tellement gonflé de désir... Il sait que s'il la pénètre maintenant, il jouira immédiatement... Mais non, pas encore !...
Il fait pénétrer un doigt à l'entrée de l'anus de la jeune fille rendu ouvert par sa position, jambes écartées... Doucement il l'enfonce veillant à ne pas lui faire de mal... Lorsqu'il sent que la jeune fille se crispe, il arrête la progression, attendant que les tissus soient habitués à sa présence. Puis il reprend sa progression...
Quand il est au plus profond qu'il peut, il glisse son autre main entre leurs deux corps et en la contorsionnant il la pénètre dans le con avec deux doigts. Ludivine se raidit de nouveau mais cette fois ce n'est pas parce qu'elle a mal mais parce qu'elle retrouve le plaisir qui n'était pas parti bien loin...

Les deux mains s'agitent en elle... Ludivine reçoit... Elle sent comme des décharges électriques dans tout son corps. Elle a entouré le cou d'Alex de ses deux bras et a posé sa tête dans le creux de son épaule... Elle est attentive aux mouvements des mains, des doigts, en elle... De temps en temps elle se crispe... Elle se laisse aller... Totalement livrée...

Mais bientôt, elle n'en peut plus... Elle veut précipiter l'explosion qu'elle sent arriver... Elle s'agite, perd toute contenance... Et l'orgasme arrive, de nouveau puissant, violent... Un tsunami qui emporte tout sur son passage...

Elle est épuisée quand Alex la fait bouger... Il s'allonge tout le long du canapé et la fait se mettre à plat ventre sur lui... Cette fois, elle veut sentir son sexe en elle... Elle soulève légèrement ses hanches, prend le sexe de l'homme sous elle et doucement se l'enfonce dans le con... Elle se fait glisser vers le bas jusqu'à l'avoir entièrement en elle. Il entre sans aucune difficulté ni à-coup tant elle est lubrifiée de désir...
- Ne bouge plus... On est bien...
- Oui...
Et elle pose sa tête sur la poitrine d'Alex. Lui, ses mains sur ses fesses...
- Ta,ta-ta-ta,ta,ta-ta-ta...
Ils rient doucement ensemble...
- Tu es délicieuse, ma chérie !
- Toi aussi...
- C'était bien cet après-midi ton saxo et mon piano... Mais c'est encore mieux ainsi, non ?
- C'était comment au moment où tu jouissais déjà ?
Il rit.
- Je ne sais plus... Il faut que je retrouve...
Et il commence à soulever les reins, à faire des va-et-vient... Ludivine s'accorde à ses mouvements... Doucement, ils ondulent du bassin, attentifs aux frottements de leurs sexes... Ludivine aime sentir ce phallus écarter ses chairs, la remplir, chatouiller les zones sensibles... Alex apprécie de sentir son sexe ainsi emprisonné dans la gangue de chair, serré dans ce fourreau qui s'adapte à sa forme et en caresse chaque millimètre carré...

Elle se soulève légèrement sur les coudes pour que la pointe de ses seins effleure la poitrine de son partenaire... Lui a posé ses deux mains sur les deux fesses rebondies... Doucement, il les caresse, les malaxe...
Dans leurs mouvements, ils se complètent, ils s'harmonisent, parfaitement à l'unisson... A la recherche du plaisir. Le sien et celui de l'autre. Le plaisir de l'autre est là où est le sien... Ils le sentent, s'accordent... Comme deux instruments dans un orchestre... Comme un piano et un saxo...

Alex sent qu'il approche de ce moment où il ne pourra plus rien maîtriser, de ce point de non-retour où il ne pourra plus rien faire pour retenir d'orgasme, le flot de sperme jaillissant du fond de lui, décuplé à force de désir, d'attente, d'émotion de tenir un si jeune et si parfait corps entre ses bras... Il voudrait que plus rien ne bouge. Prolonger cet instant... Il le signifie à sa compagne en appuyant fortement sur ses fesses. Ludivine comprend le message, ne bouge plus... Mais son intérieur reste en émoi, elle ne peut maîtriser le frémissement de ses muqueuses, le mouvement réflexe de son sexe...

Un simple petit battement de son cœur répercuté là où est centré toute ton attention, toute sa tension, devient une caresse fatale sur le vit d'Alex... Sans qu'il n'y puisse rien, il sent son sexe gonfler et c'est l'orgasme, l'orage... en flots, en saccades...
Ludivine était aussi au bord du précipice et tout naturellement à son tour elle sombre dans cet orgasme... Ils se serrent encore plus l'un contre l'autre, ne veulent plus faire qu'un... On appelle cette jouissance extrême "la petite mort". Effectivement, tous les deux ont le sentiment de planer au-dessus de leurs corps, d'être complètement ailleurs, dans un autre monde... 

Lorsqu'ils ont repris leur souffle, Alex attrape une serviette dans son sac qui est posé à côté du canapé. Ils essuient la sueur, le sperme, la cyprine... Puis il se lève, entraînant Ludivine, va vers le piano, sort le saxo de sa mallette, le tend à la jeune fille et s'assoit sur le tabouret... Ses doigts commencent à glisser sur le clavier... Quelques notes, sans beaucoup de liens entre elles...

C'est Ludivine qui, après avoir chauffé son instrument, se lance dans une improvisation. Alex la rejoint. Les notes s'enroulent, saxo et piano sont accordés... L'air est très sensuel. L'un et l'autre exprime par sa musique ses émotions du moment, son sentiment, son bonheur...

Ludivine ne tient pas en place. Elle se plante devant Alex, jambes écartées, lui offrant toute la splendeur de sa nudité... Puis elle va tourner autour de son tabouret, effleure son corps de ses fesses, de son pubis qu'elle pointe en avant, de ses cuisses qu'elle relève... Lorsqu'elle est proche de lui, Alex ne joue plus qu'avec une main, caressant de l'autre le jeune corps contre lui, ses cuisses, ses fesses, ses seins... Sa main glisse entre les cuisses... Mais Ludivine est repartie...

Leur musique, la danse de la jeune femme éveillent de nouveau leurs sens. Le sexe d'Alex a retrouvé sa superbe, dressé, raide, contre son ventre. Ludivine s'en rend compte. Tenant toujours son instrument, elle se faufile entre le piano et le corps d'Alex et s'assoit à califourchon sur le haut de ses cuisses en prenant soin d'introduire le sexe mâle dans le sien. Et passant les bras autour des épaules de l'homme, elle reprend au saxo sa mélodie, l'instrument dans le dos d'Alex. D'abord surpris, celui-ci passe ses mains de part et d'autre du buste de la fille et à son tour il reprend son jeu sur les touches d'ivoire. A l'aveugle...

Es-ce la musique ainsi jouée qui fait monter le plaisir ou le plaisir qui monte qui inspire la musique ? Qu'importe ! Les deux sans doute... Comme eux, la musique devient plus haletante, de plus en plus pleine de sensualité... Mais ils sont toujours en parfait accord tant dans le choix de leurs accords, de leurs arpèges que dans leur recherche du plaisir offert et reçu...
Saxo et piano sont montés tout en haut de la gamme, ils jouent fortissimo, ils délirent sur deux seules notes... Nouvel orgasme, puissant, ravageur, épuisant...

Silence. Retrouver son souffle... Ludivine pose délicatement son saxo sur le sol. Et ils s'étreignent. En restant toujours imbriqué en elle, Alex se lève. Elle enserre sa taille de ses jambes. Il la maintient sous les fesses. Il va au milieu de la salle et, délicatement, sans rien perdre de leur étreinte, ils s'allongent tous les deux, enlacés, sur l'épaisse moquette.
Toute la nuit, ils feront la musique, ils joueront de l'amour...

 

Epilogue

Pendant de longs mois, ils se reverront ainsi au moins une fois par semaine. Ils passeront de nombreuses après-midis et nuits à faire vibrer leurs corps et leurs instruments. Chaque fois, ils joueront leur musique éveilleuse des sens, charnelle, sensuelle, jouissive. Chaque fois, ils feront plusieurs fois l'amour avec leurs corps ou avec leurs instruments ou avec les deux en même temps... 

Tous les deux sont invités séparément - personne n'a pu deviner la relation forte qui s'est bâtie entre eux - pour fêter les 25 ans de Coralie. Quand on leur demande, à la fin du repas, de jouer ensemble, tous les deux refusent poliment sous des prétextes que les autres ne comprennent pas.
Leur musique a tellement de signification pour eux deux, qu'ils ne peuvent la jouer ainsi en public. Ce serait comme s'ils se mettaient nus devant tout le monde pour faire publiquement l'amour...

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Cette délicieuse nouvelle est la troisième participation de Domi (du blog si bien nommé "le Démon de Midi") sur Nouvelles Erotiques. Il vous a enchantés avec Il pleuvait fort et fascinés avec Le week-end initiatique de Léa.

Crédit photo Ulrikbadass

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Nouvelles Erotiques est partenaire d'X-art, le plus beau site de vidéos porno.