Jérôme le magnifique (2/4)

Jérôme le magnifique (2/4)

Publiée le 21 décembre 2014  

Retrouvez la première partie de Jérôme le magnifique ici.

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Une heure avant l’arrivée de Julie, Ophélie avait hésité à choisir Olav, le grand blond, puis elle s’était dit qu’elle était là pour rencontrer enfin Jérôme le magnifique, pas un autre. Ainsi avait-elle décidé de ne toucher aucun des hommes de ce club libertin. Toutefois, elle s’était offert une petite exhibition, assise sur la banquette du salon VIP, cuisses écartées sur une absence totale de pudeur et de petite culotte. Pour le mouiller de salive, elle avait porté son majeur à ses lèvres carmines qui tranchaient sur sa peau laiteuse de vraie blonde, avant de titiller son clitoris qui dardait déjà à la commissure de ses petites lèvres luisantes d’émotion, ouvertes sur les profondeurs corail déjà prêtes à l’exploration. Face à elle, les trois hommes-objets qu’elle toisait de ses yeux bleus avaient bien du mal à contenir leur émotion palpable, tout particulièrement quand, les paupières mi-closes, elle s’enfonça un œuf vibrant au cœur de sa féminité humide.

Dès qu’Ophélie quitta le club un nouveau texte apparut sur l’écran de son portable. Jérôme l’y félicitait pour son choix, lui proposait de prendre la rue Vivienne tandis que le plan s’affichait sur l’écran, et il l’invitait à mettre ses écouteurs aux oreilles. Elle entendit pour la première fois la voix suave de Jérôme la guider dans les rues de Paris en lui racontant des pans de petite histoire : comment il avait perdu sa virginité dans les jardins du Palais-Royal, comment il avait pris debout un amour de jeunesse entre deux colonnades de la Cour Carrée du Louvre, ce qu’il avait fait des mille cinq cents cadenas d’amour dérobés six ans auparavant sur le Pont des Arts, ses débauches baudelairiennes dans les salons privés du restaurant Lapérouse, et elle fut à point rue Saint-André-des-arts, car chaque détail croustillant des histoires de Jérôme lui déclenchait autant de vibrantes salves de plaisir. Jérôme l’invitait maintenant à écrire une nouvelle page de sa petite histoire galante de Paris en entrant dans un théâtre érotique où elle devrait approcher ou se laisser approcher par une autre femme dans la salle.

À mesure qu’Ophélie descend l’escalier tournant qui mène au sous-sol, elle sent un faisceau de regards braqués sur ses chaussures à bride, ses mollets, sa jupe sous laquelle se perdent bientôt des yeux inquisiteurs. En bas, son corps essuie le feu roulant des prunelles lubriques d’une demi-douzaine d’hommes seuls qui la déshabillent d’avance. « Ah ! Une nouvelle ! » pensent certainement ces habitués installés sur leur siège comme de vieilles bouteilles oubliées au creux d’une antique cave voûtée. Ophélie les balaie du regard sans même songer que Jérôme puisse être l’un d’eux. Dans cette crypte aménagée en théâtre minuscule, une seule spectatrice, une fluette brunette à lunettes qui ne fait pas la fière. Serait-ce ce petit bout de femme qui devrait l’approcher ? Sur la scène exiguë décorée en chambre à coucher sardanapalesque mais qui évoque davantage une boutique d’antiquaire, arrive maintenant l’effeuilleuse professionnelle parmi des notes de clavecin. Ophélie va rapidement s’installer auprès de la brunette plutôt qu’un vieux libidineux, mais elle ressent dès lors les vibrations de l’œuf dans son bas-ventre. La petite brune la dévisage aussitôt les yeux écarquillés, manifestant plus d’intérêt pour sa nouvelle voisine que pour la jeune méditerranéenne en costume sévillan dont le corps ondule sur la scène au son des castagnettes.

Le smart-phone d’Ophélie l’invite à mettre ses écouteurs, ce qu’elle fait en même temps que sa voisine tandis que les vêtements de la danseuse tombent en cadence sous les yeux des spectateurs ravis. La voix de Jérôme incite Ophélie à la détente, au laisser-aller, à jouir du moment présent, sans réfléchir. Elle contemple l’effeuilleuse effeuillée qui n’a pourtant pas encore dit son dernier mot, tandis que sa voisine prend ses aises, lui touche la main, frôle sa cuisse avec une inadvertance feinte. Sans doute est-ce cette voisine qui doit la contacter, et au moment où elle se tourne vers la petite brune pour le lui demander, cette dernière lui vole un bref mais doux baiser. Comme s’il était présent, la voix de Jérôme les invite à se présenter l’une à l’autre. Ophélie la grande blonde et Florence la petite brune se laissent bercer par la voix hypnotique de Jérôme qui induit toujours plus de rapprochement entre elles, au gré de langoureux baisers attisés par les vibrations sporadiques de l’œuf que chacune porte en elle. Ophélie est sans doute moins sensible aux caresses saphiques que Florence, mais cette dernière montre une habileté florentine à esquiver les pudeurs, glisser ses petites mains sous le chemisier de sa voisine et titiller sa généreuse poitrine, dont les tétons bourgeonnent en toute liberté depuis que Florence a fait glisser les bretelles des dentelles qui en cloîtraient l’éclosion. Lorsque la voix de Jérôme leur propose curieusement de caresser leur portable respectif, elles réalisent que chacune ne commande pas son propre sex-toy mais celui de sa partenaire, qui vibre de différentes manières selon la pression et la position du doigt sur l’écran. Ainsi peuvent-elles se caresser mutuellement au plus intime en toute discrétion, même si quelques spectateurs paraissent plus intéressés par leur manège que par la strip-teaseuse qui va tour à tour aguicher les clients selon un ordre imprévisible.

Nos deux amies désormais liées par leurs invisibles caresses mutuelles n’ont même pas vu venir la Sévillane tant elles sont proches de l’extase, quand Ophélie réalise qu’elle a l’effeuilleuse au teint hâlé sur les genoux ! Celle-ci commence à lui déboutonner le chemisier, voit le soutien-gorge effondré et adresse à Florence un sourire complice tout en malaxant les tétons roses de sa bienheureuse victime. Mais voilà qu’elle tente d’attirer Ophélie sur scène pour l’exhiber au public. En un éclair, Ophélie se voit les fesses à l’air sans la moindre petite culotte, humiliée par les regards égrillards de vieillards braqués sur son intimité encore trempée, mais qui ne ressentirait peut-être même plus les vibrations déclenchées par Florence sans doute trop éloignée. Ophélie s’accroche à son siège pour échapper à la scène.

Sans insister davantage, la tentatrice abandonne le couple lesbien pour aller s’asseoir sur les cuisses d’un petit vieux au sexe éteint mais aux yeux brillants, avant de jeter son dévolu sur une discrète jeune femme noire qu’Ophélie et Florence n’ont même pas vue arriver tant elles sont bien dans leur bulle. Cette fois-ci, la Sévillane n’attaque pas sa victime de front mais par derrière, elle crible sa nuque de baisers mutins, fait sauter le seul bouton de sa veste austère, part à l’assaut de son buste bientôt à découvert, en mitraille la peau d’ébène de taquines caresses tout en lui décochant de sensuels baisers pour étouffer toute protestation. Le souffle court et les pommettes en feu, la victime ébahie se retrouve rapidement sur la scène, en soutien-gorge, à quatre pattes sur le lit, reins creusés et jupe tendue. L’effeuilleuse en remonte lentement le tissu, centimètre par centimètre, dévoile la lisière des bas tabac, le brun des cuisses nues, l’obscur du pubis, jusqu’à la croupe somptueuse au cœur de laquelle trône un rosebud qui brille de mille feux. Et pas de petite culotte pour elle non plus ! La bouche sèche et les yeux hagards, la coquine reçoit discrètement une carte de visite dans son décolleté de la part de la strip-teaseuse qui termine son show sous les applaudissements nourris de tout le public, tous hormis Ophélie et Florence vibrantes d’extase à s’en mordre les lèvres.

Nouvelle de Vagant, auteur de Sans vain coeur ni vain cul et du blog Extravagances.

Illustration : Les Fricatrices gravées d'après le tableau original de Fragonard

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