Crazy

Crazy

Publiée le 30 juillet 2013  

C’était sûrement à cause de ses trois derniers petits amis en date que Susanne avait un jour décidé qu’elle pouvait se passer des hommes. Cela dit, qui eut pu l’en blâmer ? Robert l’avait jetée au bout de deux mois de relation pour la tromper avec une fille qui eut pu être sa petite sœur, Laurent avait un penchant un peu trop prononcé pour la cigarette et l’alcool et avait fini par rejoindre son créateur à 25 ans et Daniel... Eh bien disons que Daniel aurait sûrement pu faire un petit ami adorable s’il n’avait pas eu autant de mal à gérer sa colère. Susanne l’avait rapidement fichu à la porte, craignant que leurs disputes quotidiennes ne se terminent un jour en bain de sang.

En tant que psychiatre, Susanne avait toujours eu une capacité des plus surprenantes à analyser l’esprit humain, à en comprendre les tours et les détours. Plus que de la curiosité, il s’agissait pour elle d’une réelle passion. Sans même s’en rendre compte, la jeune femme avait donné à son travail l’amour qu’elle ne pouvait offrir aux hommes et à dire vrai, elle ne s’en portait pas plus mal. Ses patients lui demandaient tant de temps et d’attention qu’elle n’avait pas vraiment le loisir de s’apitoyer sur son sort et si par hasard il lui arrivait d’avoir cinq minutes à elle, elle les passait à remplir de la paperasse et à étudier de nouveaux dossiers.

Ce matin-là, lorsque Susanne arriva sur son lieu de travail, elle eut la surprise de voir Lucie, sa secrétaire, très pâle et très tendue derrière son bureau. C’était d’ordinaire une jeune personne plutôt joviale et la voir dans un tel état de nervosité n’avait rien de naturel.

« Que vous arrive-t-il Lucie ? – interrogea la psychiatre en fronçant les sourcils – On dirait que vous avez vu un fantôme ?

-M-m-monsieur N-N-N-Nathaniel W-W-W-White vous attend. »

Susanne réprima à grand peine un soupir d’agacement et rehaussa ses lunettes sur son nez en souriant :

« Oh ce n’est que ça ? »

Sans rien ajouter elle se dirigea dans son cabinet et secoua la tête en découvrant un homme d’à peine trente ans, assis en tailleur sur son bureau. Il la fixait avec un sourire qui aurait fait pâlir d’envie le Chat du Cheshire, un sourire qui n’avait rien d’aimable ou d’engageant. Ses cheveux roux tombaient en pluie fine sur son front pâle, masquant à peine ses yeux bleus. En voyant arriver la jeune femme, il inclina lentement la tête sur le côté :

« Bon-joooour doc... Vous avez mis le temps dites-donc...

- Je suis à l’heure Nathaniel, c’est vous qui êtes en avance, comme d’habitude d’ailleurs. Quand donc comprendrez-vous qu’il ne sert à rien d’arriver ici une demi-heure avant moi et de terroriser ma secrétaire ? J’apprécierais que vous vous comportiez comme quelqu’un de civilisé à l’avenir.

-Civilisé ? Moi ? – il rit – Allons doc, vous et moi savons bien que je ne suis pas fait pour être civilisé. Je suis fou, l’avez-vous déjà oublié ?

-Vous n’êtes pas plus fou que moi.

-Justement. Nous sommes tous fous ici.

-Ce que vous dites n’a aucun sens. »

Elle haussa les épaules et alla s’asseoir dans le divan qui était d’ordinaire réservé à ses patients. C’était toujours ainsi que ça se passait avec Nathaniel White. Il la provoquait, cherchait à la faire sortir de ses gonds comme il l’avait fait avec ses anciens thérapeutes. Six psychiatres différents en moins d’un an, c’était un record à n’en pas douter, mais elle se refusait à figurer sur ce tableau de chasse. Nathaniel White n’était pas fou, tout du moins pas autant qu’il semblait le croire. Il agissait comme quelqu’un souffrant d’un dédoublement de personnalité et il lui arrivait même d’être très convaincant – demandez donc à Lucie – mais  de nombreux tests avaient prouvé qu’il n’était en rien psychotique. C’était seulement un moyen pour lui de s’éloigner de la réalité, de se cacher derrière un masque de différence pour empêcher les autres de l’approcher et, éventuellement, de lui nuire.

En étudiant le dossier de son patient, Susanne avait appris qu’il avait été abandonné alors qu’il était enfant, confié à des familles d’accueil peu soigneuses et qu’il avait essuyé de nombreux traumatismes et déceptions. C’était au lycée que le phénomène de dépersonnalisation s’était manifesté chez lui pour la première fois et depuis les choses n’avaient fait qu’empirer. Plus le temps passait, plus Nathaniel White se persuadait de sa folie et glissait dans les abîmes délicieuses et angoissantes d’un délire dont nul ne parvenait à le sortir.

Susanne soupira :

« Bon. Alors de quoi êtes-vous venu me parler aujourd’hui Nathaniel ? Je vous écoute.

-Trop aimable doc. – il fit claquer sa langue contre son palais et ricana – Eh bien... Si nous parlions de vous ?

-Pas question. N’inversez pas les rôles s’il vous plaît.

-Et pourquoi pas ? C’est vrai après tout, vous savez tout de moi... Et moi je ne sais rien de vous. Reconnaissez que c’est assez injuste. »

Elle haussa un sourcil circonspect et jaugea du regard son interlocuteur. C’était bien la première fois qu’elle le voyait presque lucide.

Pour autant il n’était pas question qu’elle sorte du cadre professionnel avec lui. Surtout pas avec lui.

Descendant enfin du bureau, Nathaniel White se dirigea d’un pas nonchalant vers la porte.

« Où allez-vous ? – demanda Susanne, surprise – La séance n’est pas terminée.

-J’ai décidé que si. Puisque vous ne voulez pas être gentille, je ne vois pas pourquoi je le serais. »

Il lui tira la langue, comme un sale gosse. Susanne se leva d’un bond, agacée :

« Retournez-vous asseoir.

-Et sinon ? »

Plus tard Susanne serait la première à dire qu’elle ne savait pas ce qui lui était passé par la tête à ce moment. Elle avait passé une mauvaise nuit d’accord et les mois de célibat et de travail acharné n’avaient sûrement pas eu un impact positif sur son humeur mais tout de même, de là à gifler un de ses patients... La claque résonna dans le silence du cabinet comme le glas au cœur de la nuit et pendant une fraction de secondes, ce son fut le seul audible, comme si le Temps avait suspendu son cours.

« Oh mon dieu ! – Susanne blêmit et plaqua une main sur sa bouche, horrifiée – Je suis désolée ! »

Nathaniel White ne souriait plus. Il fixait sur la jeune femme un regard curieux, presque surpris.

« Vous m’avez giflé.

-Je sais, je sais ! Je suis navrée vraiment... Je n’aurais pas dû, je ne sais pas ce qui... »

Elle fut interrompue brusquement lorsque les lèvres de son patient vinrent s’écraser contre les siennes. Trop saisie pour réagir, elle le laissa l’embrasser avec une infinie douceur, une chose surprenante pour quelqu’un d’aussi instable. Rapidement elle se prit à lui rendre son baiser, entrouvrant légèrement la bouche, suffisamment en tous cas pour que leurs langues se mêlent l’une à l’autre. Le souffle court, Nathaniel relâcha sa psychiatre le temps de murmurer :

« Il y a longtemps que j’attendais de pouvoir faire ça doc... »

Elle eut un petit sourire et un gémissement trahit son cœur lorsqu’il enfonça sa tête dans son cou, couvrant sa nuque offerte de petits baisers. Instinctivement elle crispa les doigts sur le dos du jeune homme tandis qu’il la poussait sur le divan. En un instant il fut sur elle, l’embrassant, caressant ses cheveux, son visage, dessinant le contour de sa gorge du bout des doigts jusqu’à arriver sur sa poitrine. Déboutonnant rapidement les boutons du chemisier de Susanne, Nathaniel joua un instant avec le lobe de son oreille avant de laisser sa bouche englober un téton tendu. Son corps se pressa plus encore sur celui de la jeune femme qui bougea imperceptiblement pour mieux s’offrir à lui.

Je suis folle., songea-t-elle, Complètement folle...

« Nathaniel... Est-ce que vous pensez vraiment que...

-Que vous feriez mieux de vous taire et de profiter du moment présent ? Oui doc tout à fait. »

Message reçu. Elle mordit le lobe de son oreille en souriant et décida de se laisser faire. Au diable Lucie, au diable les autres patients ! Délicatement elle caressa la bosse qui commençait à faire jour sur le devant du pantalon du jeune homme, lui arrachant un gémissement de satisfaction du même coup. Il retira son jean d’un geste vif, faisant aller ses hanches tandis qu’elle le prenait dans sa main avec des gestes soigneux comme un oiseau blessé. Lorsqu’elle approcha sa bouche de son sexe il l’arrêta d’un baiser :

« Non doc... J’aime autant passer aux choses sérieuses tout de suite si vous n’y voyez pas d’inconvénient. »

Elle n’y voyait aucun inconvénient bien au contraire et lorsqu’il acheva de la dévêtir pour la prendre elle s’abandonna totalement aux sensations qui la submergeaient, accompagnant du roulis de ses hanches les va et viens de son amant. Elle rejeta la tête en arrière et ferma les yeux, oubliant totalement et définitivement qui elle était et où elle se trouvait. Il accéléra le mouvement et lorsqu’il prononça son nom dans un râle, elle bascula totalement, perdant pied.

Doucement Nathaniel se retira, déposant un baiser sur son front :

« Je suppose... Que ça ne colle pas avec l’éthique ce qu’on vient de faire n’est-ce pas ?

-Qui s’en fout lève la main. », répondit Susanne en l’embrassant.

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Cette nouvelle vous est offerte par Kitty Braem. Kitty est l'auteur de Sexy TV.

Kitty publie également régulièrement sur Nouvelles Erotiques. Suivons ensemble les aventures érotiques de son héros Jonathan : une histoire gay et une histoire de sexe sous l'emprise d'une fièvre délirante.

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