Ouest lubrique (4/5)

Ouest lubrique (4/5)

Publiée le 13 mars 2017  































1ère partie

2ème partie

3ème partie

Il était une heure du matin et Nikos parlait à Maud de son enfance, des circonstances qui l’avaient conduit à mener cette vie. On aurait dit que l’étreinte qui venait de les unir avait libéré en lui la parole.
– Je suis né dans le cadre du programme de natalité, expliqua-t-il : une aberration issue du cerveau fêlé du gouvernement de l’époque.
Auquel Grégory appartenait au titre de ministre de l’Intérieur, Maud le savait. Il s’agissait de donner une progéniture à une génération vieillissante qui n’avait eu ni le goût temps ni le temps de procréer. Les rares femmes non ménopausées avaient fourni les ovules contre rétribution.
– Nous avons ça en commun, dit Maud.
Nikos redressa la tête dans la pénombre.
– Quoi ? Tu ne veux pas dire…
– Si, je suis moi aussi un enfant de ce programme. Ma mère a choisi sur catalogue une femme qui lui ressemblait : grande, blonde, avec des yeux gris. Mon père étant brun, j’ai emprunté un peu aux deux.
– Moi, j’ignore ce que je leur ai pris, je les ai à peine connus. J’avais cinq ans quand ils m’ont rejeté comme un animal familier qui a cessé de plaire.
Sous le ton neutre, perçait une souffrance réelle qui bouleversa Maud.  Elle leva la main pour caresser le visage de Nikos, mais il se recula.
– Laisse ! Je n’ai pas besoin de ta pitié, ni de celle de personne. Je m’en suis très bien sorti pour un mec qui a grandi à l’orphelinat.
– J’ai eu de la chance, mes parents désiraient sincèrement un enfant. Plus tard, nous avons été obligés de nous exiler, les bébés n’avaient plus la cote, on nous regardait de travers. Ma mère a perdu son boulot et mon père n’a plus vendu un seul tableau. Il était peintre : Samuel Kerman.
Cette partie de son existence, elle pouvait bien la confier à Nikos, contrairement à l’actuelle qui devait demeurer confidentielle. 

Il secoua la tête et dit :
– Connais pas » avant d’enchaîner : alors, tu viens d’ailleurs ? Je l’aurais parié. Tu es trop belle.

Dans sa bouche, ce n’était pas un compliment, juste une simple constatation. La plupart des enfants de l’orphelinat étaient tarés, au physique ou au moral, parfois les deux. C’est la raison principale des abandons. Ces connards voulaient des rejetons parfaits.
« Dieu merci, cette époque est révolue », se dit Maud en frissonnant. Au fond, était-ce bien sûr ? Les gouvernants avaient parqué les gêneurs dans le quartier de l’Ouest pour se débarrasser du problème ; ils ne l’avaient pas résolu pour autant.
– Mais toi tu n’as rien, objecta-t-elle.

Puis elle se rappela : l’auriculaire manquant à la main droite, la jambe plus courte que l’autre à l’origine de sa démarche claudicante. Dans son for intérieur, elle se traita d’imbécile. Par bonheur, Nikos ne releva pas la remarque et demanda négligemment.
– Pourquoi es-tu revenue dans ce monde de dingues, au fait ?

Disparu son mouvement d’humeur, sa nervosité de tout à l’heure. Il était à nouveau cool – ou résigné ? Il se rapprocha de Maud et posa son bras en travers du buste de la jeune fille. Les poils épais chatouillaient les pointes des petits seins : une sensation pas désagréable.
– Je me sentais un peu à l’étroit dans mon île, dit-elle ; j’avais envie de voir du pays. Des échanges entre étudiants m’en ont offert l’occasion.
Cela aussi, elle pouvait l’avouer. Elle taisait les véritables raisons de son départ : sa mésentente avec sa mère et surtout, un amour malheureux. Nikos tourna la tête pour lui piquer un baiser sur le bout du nez et compléta à sa façon :
– Et tu as rencontré un vieux bourré de fric.
Maud protesta, rompant son vœu de discrétion :
– Non, je ne vois pas les choses comme ça. J’étais vraiment amoureuse de lui.
– Était ? ironisa Nikos. Tu ne l’es plus ?
Elle tâcha de se dégager de ce bras qui l’emprisonnait, mais il la tenait solidement.
– Si, bien sûr, se défendit-elle.
– Cet homme a de la veine. Il te file à d’autres mecs et toi, tu continues à l’aimer. À sa place, j’exploserais la tête à quiconque voudrait se taper ma copine.

Maud en resta saisie. Comment Nikos pouvait-il parler ainsi, lui qui vendait son corps à la plus offrante ? Elle avait dû mal comprendre. D’ailleurs, il rectifia de suite :
– Rassure-toi, je plaisante. La fidélité est un luxe qu’on ne peut pas se permettre dans mon milieu. Dès ma fuite de l’orphelinat, j’ai commencé à me prostituer ; je devais avoir dans les quatorze ans quand ma première cliente m’a mis la main à la braguette.
– Pauvre Nikos, murmura Maud, caressant la main infirme refermée sur son torse.
Il se mit à rire, un rire sans joie ; sans tristesse non plus.
– Arrête de me plaindre ! Petit à petit, je me suis constitué une clientèle ; j’ai pu quitter la rue et louer cet appart’. Je vis plutôt bien.
– Pourquoi te drogues-tu, dans ce cas ?
– Pour recharger plus vite les accus, je te l’ai déjà dit. Tu veux la preuve ?

Il guida Maud vers son instrument de travail. Elle n’en revint pas de le trouver dur comme le granit, prêt à entrer en action. Pourtant, il avait œuvré à deux reprises dans un assez court laps de temps. Et qui sait combien avant… ? Elle chassa de sa tête cette idée déplaisante et se concentra sur l’objet en question, heureuse de sentir la peau tiède rouler sous ses doigts. Elle-même commençait à être à nouveau excitée, Nikos enflammant son clitoris avec une science consommée. 

Délaissant les pétales ardents et humides, il fit basculer Maud sur le côté et s’insinua en elle. Cette fois, il procéda lentement, par petites étapes. Cette douceur tranchait sur sa brutalité antérieure. Maud ne reconnaissait plus en cet amant tendre et patient celui qui s’acharnait sur Viviane d’abord, sur elle ensuite. Cet homme représentait une somme de paradoxes au physique comme au moral. Était-ce le secret de la puissante attraction qu’il exerçait sur les femmes, à commencer par elle ? Oui, sans doute. Il savait les prendre, au propre comme au figuré. Il connaissait la saveur de l’attente, de l’orgasme différé. L’ascension vers le plaisir fut plus longue, mais non moins excitante. Ils se lâchèrent presque simultanément dans un paroxysme de gémissements et de râles.

*

L’homme venu inviter Maud pour un slow résumait à lui seul son asservissement aux caprices de Gregory. Se révolter, prendre ses jambes à son cou, s’enfuir hors de cette boîte baignée de son horrible lumière rouge et retrouver Nikos. Mais ce soir son amant était pris. « Une nouvelle cliente, avait-il précisé. Je suis très demandé. » Maud avait ressenti un pincement au cœur. Elle aurait dû s’y habituer à la longue. Cette première nuit avait été suivie d’autres et même de rendez-vous en plein jour : de la dernière imprudence. Elle s’enfonçait dans le mensonge avec aplomb. 

Son parrain était souvent mis à contribution à son insu, Maud sachant très bien que Grégory ne vérifierait pas auprès de l’intéressé. En effet, Mirko Temprévitch désapprouvait la relation de sa filleule. L’emménagement de celle-ci dans l’appartement du président avait donné lieu à des discussions houleuses qui s’étaient conclues par un : « Tu veux faire ton malheur ? Très bien, tant pis pour toi, ce type ne te rendra pas heureuse. » Ce soir, cette phrase aux accents prophétiques résonnait douloureusement dans la tête de Maud. 

Et si Mirko avait eu raison ? Grégory se souciait avant tout de son plaisir personnel, sans quoi il ne l’aurait pas envoyée sur la piste du Fahrenheit, telle une captive au marché aux esclaves. Elle s’était déhanchée sans conviction dans une tenue qui ne permettait aucune ambigüité, jusqu’à ce que cet homme s’approche d’elle d’un pas de fauve à l’affût. Il la matait depuis un moment ; pas à la manière envoûtante de Nikos ; non, il la dévorait d’un regard lubrique tout en se pourléchant à l’avance.

– Je m’appelle Alexandre, dit-il. Et, sans lui demander son avis, il l’écrasa contre lui.
Maud se raidit, mais comment le repousser quand Grégory les guettait du fond de sa banquette ? Alexandre pressait son ventre contre le sien d’un mouvement sans équivoque. Son membre durci cherchait à pénétrer l’intimité de Maud à travers le mince rempart de sa robe. Elle s’en voulut de ressentir l’appel familier au creux des reins. Je suis une chienne, pensa-t-elle, honteuse. Après lui avoir mordillé le cou, Alexandre tenta de l’embrasser. Elle eut beau serrer les dents de toutes ses forces, il réussit à lui fourrer sa langue pareille à une grosse limace dans la bouche. Maud faillit vomir. Les mains de l’homme la palpaient de partout, lui pétrissant la poitrine et le postérieur au gré des figures de la danse. Grégory voyait-il à quel point elle était écœurée ? Non, à cette distance, il distinguait seulement un couple enlacé en train de se rouler une pelle. Maud comprit que le moment était proche où son détestable cavalier l’entraînerait vers les alcôves. Son être entier se révoltait à cette idée. Elle ferma les yeux et suscita l’image de Nikos, comme si ce dernier avait pu surgir et la sauver de cette étreinte détestable.

– Fous-lui la paix ! gronda soudain une voix connue.
Nikos ? Maud se demanda si elle rêvait. Mais non. C’était bien lui, elle percevait son odeur, sa chaleur et cette proximité la bouleversait. Mécontent, Alexandre se rebiffa :
– De quoi je me mêle ? J’ai été payé pour le job et tu viens marcher sur mes platebandes…
– Tu es sur les miennes en ce moment, grinça Nikos.

Il la revendiquait et peu importait que ce soit comme objet, ses paroles coulaient dans les veines de Maud, semblables à du miel ou à un vin délectable. Il devait lever la tête pour s’adresser à son rival, vu la taille impressionnante de ce dernier. Les deux hommes se mesurèrent du regard avant qu’Alexandre ne se décide à lâcher Maud.
– Je te l’abandonne, fit-il, un rictus dédaigneux aux lèvres. Je m’arrangerai pour me faire rembourser.
Cette réflexion rappela à Maud la présence de Grégory. Désormais, elle était démasquée. Des sentiments contrastés l’animaient : soulagement et peur. La musique n’avait pas cessé, les couples continuaient à se frotter, indifférents à la petite scène qui venait de se dérouler. Alexandre s’était éclipsé, laissant les deux autres face à face.
– Merci, dit Maud, un peu stupidement.
C’est tout ce qu’elle avait trouvé. Elle mourait d’envie de se jeter dans ses bras, mais n’osa pas. Nikos expliqua d’un ton tranquille, en contraste avec sa fureur précédente.

– Ma cliente s’est décommandée. J’avais le spleen ; alors, je suis descendu ici. Tu ne m’avais pas averti que tu viendrais.
– Non.
– Peu importe, tu n’as pas de comptes à me rendre. Alors, ton vieux a remis ça ?
Maud hocha la tête, paralysée par une possible intervention de Grégory. Pourquoi ne se manifestait-il pas ? Il devait se sentir frustré et humilié.
– Alexandre est un bon coup, balança Nikos négligemment ; peut-être pas très tendre, mais efficace. Tu as peut-être perdu quelque chose ce soir.

Que cherchait-il en la provoquant ainsi ? Elle n’avait pas rêvé sa façon de la revendiquer comme sa propriété. Elle se remémora ses paroles : « J’exploserais la tête à quiconque voudrait se taper ma copine ». Des mots en l’air ou le pensait-il réellement ?

Je ne suis pas sa copine : seulement une parenthèse dans son existence, se répéta Maud pour s’en convaincre.
– Je t’appelle, lui glissa-t-elle, avant de tourner les talons.
Sans attendre la réponse, ni jeter un regard en arrière, elle se dirigea vers la banquette plongée dans l’ombre. Le corps massif et court de Grégory y était tassé ; sa main prit le verre de whisky sur la table et l’éleva : 
– À tes amours ! fit une voix empâtée par l’alcool qu’il avait dû siffler en abondance.
― Je t’en prie…
― De quoi ? Tu baises bien avec ce bancal, n’est-ce pas ?

Sous le mépris, on devinait une souffrance authentique. Maud eut des remords d’avoir tout gâché, même si Grégory avait été lui-même l’artisan de ce naufrage.
– Je suis au courant depuis le début, poursuivit Grégory, enfin, presque. Tes visites fréquentes à ton parrain ont fini par me mettre la puce à l’oreille. J’ai donc chargé mon chauffeur de surveiller tes allées et venues.
Maud se cabra : 
– De quel droit ? Tu n’avais pas confiance en moi ?
– Si. Aussi ai-je été très surpris quand Dimitri m’a fait son rapport : surpris et déçu. Que dirais-tu de continuer cette conversation à la maison ? enchaîna-t-il. Je suis vanné.

Elle aussi se sentait lasse, vidée de tout. Un coup d’œil à la piste lui apprit que Nikos ne s’y trouvait plus : une autre cliente l’attendait sans doute. Le retour à l’appartement se déroula en silence. Une fois rentrée, Maud eut la pénible impression de ne plus être chez elle. Les murs familiers la rejetaient, les meubles lui parurent froids et sans âme, le cadre solennel. Qu’est-ce que je fais ici ? se demanda-t-elle. Grégory ne l’avait pas aidée à enlever son manteau, contrairement à son habitude. Après l’avoir dévisagée des pieds à la tête, il déclara d’un ton acide :
– Cette robe fait mauvais genre. Pas étonnant que tu fraies avec un dégénéré de l’Ouest.
Maud riposta.
– Toi-même l’a choisie et ce n’est pas un dégénéré : seulement un pauvre diable à qui on n’a pas accordé la moindre chance.
– « On », c’est-à-dire moi, je suppose. Oh ! Maud…

Grégory s’approcha, et, abaissant d’un coup sec le décolleté de Maud, plongea la tête entre ses seins.
– Ce soir, murmura-t-il, la bouche dans le sillon tiède, j’espérais un miracle, qu’Alexandre te détournerait de Nikos pour t’avoir à nouveau tout à moi. Je n’avais pas prévu que ce type et toi tomberiez amoureux.
– Non, tu te trompes, c’est juste physique.
Grégory se redressa et lui sourit avec une indulgence teintée de tristesse.
– Tu as encore beaucoup à apprendre de la vie, mon ange.
Maud haussa les épaules. Elle n’était pas amoureuse de Nikos et lui non plus, sauf au sens où le plaisir sexuel crée des liens. Néanmoins, la nécessité de prendre du recul par rapport aux événements la poussa à dire :
– Je vais me réinstaller chez Parrain, ce sera la solution la plus sage pour nous.

Le visage de Grégory se décomposa en une fraction de seconde. Lui aussi laissait tomber le masque qu’il s’imposait. Cette faiblesse ne dura pas. Il se reprit instantanément.
– Il n’en est pas question. Tu ne vas pas me quitter pour une affaire…comment disais-tu déjà ? ah oui ! juste physique. Voyons, ce n’est pas sérieux – il avança la main pour lui tapoter la joue –. Faisons un deal : tu restes avec moi et je te laisse entière liberté de rencontrer ton Nikos.
Maud en croyait à peine ses oreilles. Cette proposition cadrait peu avec la personnalité de Grégory, fier de sa virilité et terrifié à l’idée de la perdre. Ou alors, il lui tendait un piège. 
– Je ne sais pas si…commença-t-elle.
– Promets-moi d’y réfléchir. En attendant, nous ferons chambre à part, pour que tu puisses sortir à ta guise.
– Ça ne t’empêchera pas de me faire suivre, observa-t-elle avec un soupçon d’amertume.

Il lui effleura la joue à nouveau : 
– Non, je te le promets, à condition que tu restes discrète, ou les échotiers et mes adversaires politiques clameront partout que le président est cocu.
Le cœur de Maud se serra. Était-ce vraiment la seule chose qui comptait pour lui ?

*
Nikos ne leva même pas les yeux à son entrée. Assis sur une chaise, il s’affairait à couper les ongles de ses doigts de pieds. Maud n’avait jamais remarqué la laideur de ceux-ci : crochus, striés de jaune, avec le petit orteil incarné.
– Ah ! c’est toi ! s’exclama-t-il, l’air maussade. Je viens d’être contrôlé, la police m’a posé des tas de questions sur mon job, mes fréquentations. Sûrement un coup de ton mec, il n’a pas supporté de voir son plan foirer, et comme il a l’air d’avoir le bras long…
– Désolée.

Grégory avait-il obéi à une basse vengeance ou s’agissait-il d’une coïncidence ? Maud penchait pour la seconde option. Grégory ne se serait pas abaissé à une telle mesquinerie.
– Tu n’y es pour rien, dit Nikos, retrouvant le sourire. Déshabille-toi et viens près de moi !
Maud obéit. Elle avait choisi à dessein une robe qui se déboutonnait de haut en bas et des bas-up faciles à retirer. Nikos la cala confortablement sur ses genoux où elle se laissa aller avec un soupir d’aise. Elle était heureuse d’avoir pu s’échapper, bien que Grégory lui laisse maintenant la bride sur le cou.

– Tu veux savoir comment il a réagi ? demanda-t-elle, la tête nichée contre l’épaule de Nikos.
– Ça ne m’intéresse pas du moment qu’il ne m’emmerde pas.
– Eh bien ! Je te le dis quand même. Il l’a plutôt bien pris. Désormais, je pourrai te voir quand je voudrai. Une bonne nouvelle, non ?
Elle perçut son léger recul. 
– Oui, à condition que ça n’entrave pas mes activités. Tiens, par exemple, aujourd’hui, je te reçois entre deux rendez-vous : la cliente qui m’a fait faux bond l’autre soir et Viviane. 


L’énoncé de ce prénom éteignit la joie de Maud. Si elle s’accommodait de la cliente versatile, la réapparition de Viviane lui donnait des envies de meurtre. 
– Vous êtes réconciliés ? demanda-t-elle.
– Elle sort d’ici. Elle était très en forme.  Rassure-toi, il me reste des munitions.
– Va te faire voir !
Maud tenta de se lever : en vain, il l’emprisonnait dans l’étau de ses cuisses. Elle se mit à griffer les parties du corps à sa portée : le cou, les épaules, la poitrine.
– Une vraie tigresse, commenta Nikos, sans chercher à parer les ongles labourant sa chair.
– Et toi un vrai salaud.
– Répète un peu !
D’autorité, il la fit pivoter, l’obligeant à le regarder les yeux dans les yeux. Des étincelles de malice pailletaient son regard.
– Salaud, dit-elle sans conviction. 

Leurs lèvres se frôlèrent avant de se rejoindre en un baiser fiévreux. Les mains de Nikos parcouraient son corps avidement.
– Si tu savais comme j’en ai marre de tous ces muscles avachis, souffla-t-il.
Maud crut d’abord à une plaisanterie, mais la voix de l’escort vibrait de sincérité. Elle se cambra pour s’offrir davantage à ses caresses et s’ouvrit au maximum. En pure perte, car la verge de Nikos manquait de consistance : l’effet Viviane. Cette salope l’avait vidé de ses forces vitales, à elle de les restaurer. Deux minutes plus tard, ils étaient au lit : Nikos sur le dos, Maud allongée sur lui tête-bêche. Après avoir enrobé les bourses de salive, elle prit le sexe ramolli entre ses lèvres pour lui restituer sa fermeté. 

De son côté, Nikos enfouit la tête entre les cuisses ouvertes de la jeune femme. Sa langue dardée s’activa entre le clitoris de Maud et son intimité, entretenant en elle un double brasier. Pas au point cependant de la distraire de son but. Le membre gonflait, remplissait sa bouche tandis que l’index de Nikos, apportait du renfort à sa langue. À la crispation des mains de l’homme sur ses fesses, à la tension de son sexe, Maud devina l’imminence de l’orgasme. Elle ne se retint plus et tous deux jouirent simultanément.

– C’était géant ! murmura Nikos en se dégageant de l’entrejambe de Maud. Tu as un goût de coquillage : rien à voir avec le lubrifiant utilisé par mes clientes.
– Par Viviane aussi ?
– Oui.
Une joie mauvaise envahit Maud. Elle lapa l’extrémité du gland où perlaient des gouttes de semence et se blottit contre l’épaule de Nikos.
– Je voudrais que tu la vires, dit-elle.
Il se mit à rire et lui passa les doigts dans les cheveux.
– Impossible. Son argent paie mon loyer et la came.
Cette femme était donc si riche pour claquer son fric avec des gigolos ? Maud s’écria en un élan :
– J’aimerais en avoir pour te délivrer d’elle.
– Quelle bêtise ! Je détesterais dépendre de toi financièrement. Toi aussi tu dépends de ton vieux.
– Pour l’instant. J’ai des diplômes, je compte bien travailler une fois rentrée chez moi.
Car elle rentrerait, malgré l’opposition probable de Grégory et ce nouveau lien qui l’attachait à l’ancien monde. Nikos soupira :
– Tu as de la chance, moi je ne quitterai pas ce trou, j’en ai peur.
Il jouait toujours avec les cheveux de Maud, enroulant des mèches autour de ses doigts. Une idée folle germa dans l’esprit de la jeune femme : emmener Nikos avec elle dans l’île.

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